"Le rat d'égout lubrique". Accueillant, peut-être qu'avec une rencontre c'est mieux...

Sihia galopait. Sous elle, Talian s'essoufflait en essayant de garder la cadence. La jeune femme désirait se rendre à Al-Jeit le plus rapidement possible. Elle respira profondément et repensa à sa semaine. Rien de bien réjouissant, des Raïs avaient trouvés une brèche près de Al-Boos et ses frontaliers avaient eut du mal à les repousser, sous le coup de la surprise. Ils avaient mis deux heures pour les exterminer alors qu'en temps normal, un Raï survivant plus d'une paraissait incroyable. Et puis il y avait eut trois duels qui lui avait remonter le coeur. Bref, Sihia s'était éloignée. Elle avait projeté d'aller à Al-Jeit, rencontrer l'empereur et patati et patata. Seule part de réjouissance, elle allait pouvoir rencontrer des marchombres là-bas et peut-être entrevoir son fils. A cette pensée, la jeune femme sentit un poids s'enlever de ses épaules et son cheval du se cabrer pour qu'elle redevienne sérieuse.

La pauvre bête épuisée fut soulagée de voir une auberge. Sihia descendit souplement de sa monture et la flatta pendant cinq bonnes minutes. La jeune femme la prit par la bride et la conduisit aux écuries. Elle eut le temps d'apercevoir une silhouette dont la démarche semblait celle d'un marchombre. Sihia dessella sa monture et la débrida. Elle remplit sa mangeoire et gratta Talian une nouvelle fois entre les yeux.

- Bonne bête, va !

Elle retourna dans la cour et franchit la porte. Le regard de Sihia survola la salle enfumée et la jeune femme toussa. Les vapeurs dégagées par les pipes des marchants lui donnaient la nausées, mais elle ne le reconnaîtrait sûrement jamais. La pièce était bondée et elle se décida. Sihia se dirigea vers la jeune femme qu'elle avait aperçu dans les écuries.

- Excusez moi, la salle est bondée. Je peux m'asseoir.

Réflexe Frontalier, Sihia vérifia son sabre dans son dos et passa son pouce sur le fil de sa lame. D'un œil expert, elle parcourut l'armement de son interlocutrice et sa position. Aucun doute, elle était marchombre. La jeune femme regarda le menu posé sur la table puis les clients de la taverne. Elle repéra un groupe d'homme particulièrement éméchés qui les regardaient, la jeune femme et elle, d'un œil lubrique. Elle soupira et regarda la marchombre.

Où es-tu désormais ? Il est si tard, le ciel est déjà noir, les étoiles rayonnent dans la nuit... Regarde-tu toi aussi ces mêmes étoiles ? Si tu savais comme la solitude me pèse en ces temps... Si tu savais comme j'aimerais que tu sois là...

Eirik...

-Eh, ma petite damoiselle, on est arrivé !
Naorha ouvrit les yeux, fixant le ciel obscurci, certes, mais toujours illuminé par les derniers rayons du soleil. Elle était allongée entre des sacs de grains, ses cheveux bruns tombant sur son visage aux traits fins, sa fine silhouette cambrée dans un mouvement convulsif. Elle avait encore rêvé de lui...
-Ma petite damoiselle, vous allez bien ?
-Oui, ça va... Souffla t-elle en se mettant assise. Juste un peu de fatigue, c'est tout...
-Ah, ça, il faut dormir la nuit, vous passez votre temps à écrire des choses sur le sol !
Naorha eu un sourire triste. Ces choses, c'était de la poésie marchombre. En ce moment, elle était obligée de faire sortir ses émotions par ces mots, ces quelques mots pleins de beauté et de sens. Alors qu'elle semblait avoir oublié le Thül qui avait volé son coeur, voilà que ses rêves se retrouvaient peuplés par son image. Quand elle y songeait... Qu'était-il advenu de lui ? S'était-il trouvé une compagne, avait-il des enfants ? La charette s'arrêta et elle sauta pour regarder le vieux paysan qui l'avait conduit pour soulager Ulia.
-Merci beaucoup...
-Pas de quoi, ma petite damoiselle ! Prenez soin de vous sur le reste de la route, moi je vous abandonne ici !
La charrette continua sa route alors que Naorha prenait la bride d'Ulia pour l'attacher au poteau d'une auberge.
-Attends moi là...
Elle alla ouvrir la porte de l'auberge, une auberge un peu miteuse, envahie par l'odeur du tabac. Elle jeta un œil à un groupe d'hommes qui la reluquaient ouvertement avant de s'assoir à une table au fond. Elle commanda rapidement de l'eau et du ragout, avant de rester songeuse, à observer les mouvements de serveuses. Où était-il ? Lui en voulait-il ? Était-il avec quelqu'un désormais ?
-Excusez moi, la salle est bondée. Je peux m'asseoir ?
Naorha observa cette femme qui lui faisait face, avec sa peau halée, ses yeux gris-bleu étincelants, ses cheveux d'un brun flamboyant... C'était une guerrière il n'y avait pas de doute... Une guerrière avec un sabre... Une guerrière qui se déplaçait toujours avec un sabre...
-Vous êtes Frontalière ? Demanda t-elle, bien qu'elle savait déjà la réponse.
Elle continua d'observer cette femme. Peut-être savait-elle quelque chose sur Eirik...
-Installez-vous...

-Vous êtes Frontalière ?.Elle continua de l'observer . Installez-vous...

Sihia lui sourit et la remercia. Elle s'assit en face de la marchombre, aucun doute sur cela, et déposa son sabre à ses pieds. Il n'y avait aucun danger mais sa poignée restait à portée de main. Un tavernier bien en chair et ronchon arriva à sa hauteur:

- Vous désirez ?

Sihia eut un sourire mais renonça à faire de l'humour. Elle lança un nouveau coup d'œil à la salle et déclara.

- De la viande de siffleur, s'il vous plaît et... une bière.

Le tavernier hocha la tête et repartit d'un pas lourd. Sihia regarda de nouveau sa compagne de table et réfléchit. Elle n'était pas particulièrement agressive, juste curieuse. Et elle avait l'air sympathique. La jeune femme haussa les épaules.

- Oui, je suis Sihia Til'Illan. Seigneur des Marches du Nord. Et vous ? Sa voix ne fut plus qu'un murmure, vous êtes marchombre, n'est-ce pas.

Le groupe d'homme qu'elle avait vu riaient bruyamment en leur lançant des regards appuyés. Sihia haussa un sourcil bien haut et se détourna. Elle eut un petit sourire carnassier et jubila à l'idée que les pauvres freluquets ne savaient pas qu'elle cachait une larmes dans sa bottes et que le combat à main nue ne lui faisait pas peur, au contraire. La jeune femme en face d'elle ne manquait sûrement pas non plus de tours dans son sac...

Une serveuse arriva à cet instant avec leurs repas et Sihia poussa une exclamation de joie. Elle n'avait pas mangée depuis bien 24 heures... La viande de siffleur était cuite à point et fondait lentement dans la bouche. La jeune fille, aux anges, savourait chaque morceau accompagnée de salade, qui elle était quelconque mais propre. Sa boisson par contre était vraiment imbuvable. Sihia hésitait entre le pipi de chat et la salive d'un Raï...

Elle vida discrètement sa choppe dans la plante à côté d'elle et versa l'eau de sa gourde dedans. Elle but une longue rasade et continua de manger sa viande. Un mouvement attira son attention. Un des homme s'était levé et les regardait. Sihia replaça son fourreau dans son dos et tira de moitié sa lame. Elle but de nouveau et lança un clin d'œil à la jeune femme devant elle.

Lamek se tenait au fond, une chope de bière devant lui, il venait ici, écouter les conversations. Cela faisait déjà un petit moment qu’il regardait les deux jeunes femmes assises l’une à côté de l’autre. Il se félicitait de ne pas avoir été remarqué par les deux acolytes, il pouvait les observer à sa guise
L’une d’elles était Frontalière, il l’avait entendu, elle semblait fragile comme la rose, et splendide comme le jour, mais son instinct lui soufflait de ne pas se fier aux apparences, elle ne devait pas avoir ce titre pour rien, d’autant que les frontaliers étaient connus pour leur excellente science des armes.
La deuxième femme était mystérieuse, ses mouvements étaient souples et fluides, elle inspirait la grâce. Tout en elle semblait dire qu’elle était marchombre, comme lui, soudain son enthousiasme s’arrêta, il devait être prudent, qu’elle soit marchombre était une possiblité, qu’elle n’en soit pas était aussi une autre possibilité.
Voyons Lamek, comment savoir, et même si c’est une marchombre, elle te prendra avec dédain, et elle aura raison, il n’y a pas si longtemp tu étais encore apprenti, se demanda t-il à lui-même

« La poésie marchombre est faite pour être écrite, sur du papier, du sable ou dans le vent. Énoncée, elle perd sa force sa pureté. Elle peut se composée de plusieurs ou d'un unique mots, mais c'est dans son sens intérieur, que se trouve sa force. Seul un marchombre peut en comprendre le sens véritable. C’est un moyen que l’on peut utiliser pour se retrouver entre nous, ne juge pas un homme sur son apparence, sinon tu auras à tâté du Raïs »
Ces paroles étaient de maître Kamil, et il avait raison...

Les hommes qui étaient regroupés s’étaient tournés vers les deux jeunes femmes, bien sûr, le jeune marchombre savait avec une certitude qu’il ne pouvait expliquer qu’elles pouvaient s’occuper de ces gros bras de Ts'lich à elles seules, mais il voulait savoir, avoir des amis n'est pas une question de luxe, mais de survie dans ce monde.

- Etoile rayonnante magnifiquement caché, Force obscure qui illumine ma Voie
Toile de Liberté sur fond d'harmonie, Tissé par les vents
Chevauchée de gouttes de pluie, Un mot unique qui résume ce monde.
Il avait soufflé ces mots, assis, la main au pommeau d’une de ses fines lames, le pouce sur le fil mortel, attendant de voir la réaction des deux jeunes femmes.

- Etoile rayonnante magnifiquement caché, Force obscure qui illumine ma Voie
Toile de Liberté sur fond d'harmonie, Tissé par les vents Chevauchée de gouttes de pluie, Un mot unique qui résume ce monde.

Un homme avait murmuré ses paroles, un pouce sur le fil de sa lame. Sihia le regarda une poignet de seconde. Musclé, un regard chaleureux et une arme -sûrement d'autre cachées- à la main et une attitude qui respirait la prudence. Tout son être criait marchombre. Sihia frémit, cet homme les avait observé depuis le début...

Le groupe de marchants un peu ivres s'était levé et un courageux s'était avancé. L'homme du fond les regardait avec intensité ce qui énervait Sihia. Comme un chat, elle feula légèrement. Les taverniers, sentant la bagarre, venaient de ranger ce qui était cassable et les clients s'étaient retirer pour former un grand cercle autours des hommes et des deux femmes.

L'adrénaline parcourut la Frontalière. Ces badauds lui permettraient de dérouiller. Elle se demanda si sa charmante compagne accepterait les morts de ces hommes ou si elle les protégerait.

- Dites moi poupées...
- Messieurs ?
- Ouiii ?
- Je n'ai pas besoins des... frissons que vous me promettez.

Les hommes froncèrent les sourcils et diverses armes émergèrent de nulle part. Une épée rouillée, une hache pour couper du bois, plusieurs faucilles... Un chuintement retentit. Un sabre à la lame courbe apparu dans la main droite de Sihia, sa main gauche se referma sur une lame courte et un sourire cruel dansa sur la bouche de la jeune femme.

Un homme, qui se croyait malin, l'attaqua sur la gauche. Sihia para sans bouger d'un millimètre l'assaut mal habile et attaqua à son tour. Ses lames effleurèrent la peau de son assaillant, la martelant de petites coupures superficielles. Son regard croisa celui de l'homme de l'ombre et Sihia accéléra l'allure.

L'homme se retrouva sans comprendre au sol, son fléau vola en l'air et retomba au pied de "l'ombre" servi avec un sourire ironique de la part de la jeune femme. Sihia décala sa lame et appuya contre le coup de son adversaire. Un filet de sang coula, jusqu'à de venir plus fort.

- Non, s'il vous plaît !

- Non, s'il vous plaît !

Le jeune marchombre n'avait pas bougé, la main restait sur le pommeau, contrairement aux autres, il ne s'était pas levé, il trouvait cela amusant.
Une femme avait le droit de montrer de quoi elle était capable, l'action de la jeune femme avait été fluide, rapide, prècise, durant un moment, l'ancien apprenti en avait eu le souffle coupé. Cette femme était aussi rapide que le vent, et c'est lui que certains surnomaient "Le Souffle", une envie de jalousie commençait à naître en lui, sentiment qu'il réprima aussitôt.

Lamek observa la jeune d'un regard plein de curiosité, cette femme n'était pas vraiment n'importe qui. Il se leva, lachant son arme, mais la gardant toujours à portée, s'approchant doucement, souplement du groupe qui encerclait les deux femmes. Il voulait les voir de plus près, une voix lui disait qu'il pouvait avoir conscience, qu'il devait mieux les connaître.

- Un peu d'aide Mademoiselle ? Même si je pense que vous n'en avez pas besoin...

Il avait prononcé ces paroles, voulant être rassurant mais aussi prudent, il y avait beaucoup d'hommes dans cette taverne.
Tu as beau savoir te battre, il y a beaucoup d'hommes ici, mon cher Lamek, fais attention à tes agissements

Tout en évaluant la situation, le jeune marchombre attendait une réponse de la jeune frontalière, d'autant que la présumée marchombre qui était avec elle n'avait pas réagit.
De nombreuses armes étaient présentes, lourdes, légères, petites, grandes, si il y avait affrontement, il devrait alors faire appel à sa souplesse, à sa rapidité et à ses réflexes.

L'homme était à terre, il n'avait apparement rien compris à ce qu'il lui était arrivé, son entourage aussi d'ailleur, mais le fait qu'une femme mette une raclée à cette face de Raïs n'avait pas provoqué leur bonne humeur. Et le fait qu'ils soient souls n'arrangeait pas les choses, tout cela risquait de partir en purée de Ts'lich.
Ayant fini son petit topo de la situation, le jeune marchombre mit la main à la garde de son épée, ce geste le rassurait, sans arme il se sentait comme nu.

- Alors qu'en dîtes-vous Mademoiselle ?

Cette fois, la façon dont il venait de parler était plus pressante, montrant que la situation risquait de partir en bagarre, et ils n'avaient pas l'avantage du nombre, quoique deux marchombres et une frontalière, pauvres hommes, ce n'était pas leur jour.
Certe il pouvait partir, mais laisser deux femmes, même armées faisait entorse à ses principes.
Et puis, si tu peux te dérrouiller un peu, ça ne te ferait pas de mal
Un fin sourire se dessina au coin de ses lèvres, en pensant à une petite bagarre, après tout, il était libre comme l'air et aider deux femmes ne faisait pas de mal.

-Vous avez fini ?
Naorha était toujours à sa table, finissant son assiette tranquillement, mâchant la viande d'un air indifférent. Elle arborait néanmoins un petit sourire de supériorité en observant ce nouveau venu, cet homme aux gestes fluides mais qui semblaient patauds à ses yeux. A elle, il suffisait d'un geste, il suffisait de tendre la main...
-Tu es "Le Souffle", non ? Dit-elle à l'homme. On parle de toi à Al-Jeit... A ce que je vois, nous avons le même age, pourtant, elle t'est éloignée... Tu ne progresse que peu... Mais après tout, ton entrainement est terminé depuis peu... Moi, cela fait six ans.
Il fallait l'avouer, quand elle avait terminé son apprentissage, elle faisait partie des plus jeunes marchombres de sa génération. Mais elle avait prouvé que la voie était la sienne, elle l'avait prouvé au point d'obtenir le trésor des marchombres : la Greffe.
"Pourtant, je suis bien peu avancée sur la voie..."
-Allez vous assoir... Dit-elle d'un air un peu supérieur malgré elle en se levant. Nous allons régler cela au plus vite...
Elle s'approcha d'un des hommes qui lui jeta un regard lubrique. Elle était là, dans son vêtement de tissus légers, l'air tranquille, ne sortant aucune arme. Il fit un pas. Son dernier. Naorha tendit le bras et ouvrit la main pour attraper son cou. L'acier recouvrit ses doigts qui devinrent des serres qui firent craquer les os de la nuque. L'homme tomba immédiatement, mort, alors que la jeune femme retirait une main parfaitement normale. Complètements refroidis par cette démonstration de force, les hommes retournèrent s'assoir alors que Naorha faisait de même. Seul le marchombre, elle le savait, l'avait vu utiliser sa greffe. Il semblait la regarder d'un air dubitatif, ce qu'elle comprenait.
-Je suis la Flèche de l'Ombreuse.
On entendit le bruit d'une carafe en céramique qui tombait par terre alors qu'elle voyait que les deux face à elle comprenaient.

La marchombre avait réagit comme il l'avait prévu, elle le prenait avec dédain, mais même si cette réaction était normale, il ne pouvait s'empêcher d'exprimer de la colère à son égard.
Il progressait bien peu sur la Voie, là elle avait raison, lui, il n'avait pas pût se rendre au Rentaï, des mercenaires étaient aglutinés autour, tel les abeilles autour d'un nid.

La jeune femme avait le même âge que lui, mais pas la même expérience, pourtant elle l'avait reconnu, il ne savait pas qu'il était connu à Al-Jeit. Mais il était possible qu'elle dise vrai, depuis la fin de son apprentissage Lamek allait et venait, parcourant le continent, espérant trouver son père et progresser sur la Voie.
La jeune femme était très belle, elle avait une véritable allure de marchombre, si bien que le jeune homme se demanda comment il avait pût en douter.
Flèche de l'Ombreuse... Son maître lui en avait parlé, on la surnomme ainsi car ses adversaires n'ont le temps que de voir une de ses flèches avant de mourir.
" Ce genre de femme n'est pas à prendre à la légère, si tu n'es pas son ami, fais bien attention à ne pas être son ennemi "
C'est ce que lui avait dit Kamil.

Le jeune marchombre restait preplexe, cette marchombre l'impressionnait, mais il détestait être prit à la légère.

- Et qu'as-tu entendu à propos de moi ?

Kamel avait posé cette question dans un but prècis, savoir qu'est-ce qui était dit sur lui, mais la réponse ne l'interressait pas vraiment, il voulait en savoir plus sur elle.
De plus, elle devait sûrement avoir des conseils à lui donner, il n'avait rien à faire ce soir là, il voulait en savoir plus.
Le marchombre resta encore debout à réfléchir, puis il finit par se décider, la conversation qu'ils risquaient d'avoir pouvait être longue.

- Mais avant que vous ne me répondiez, puis-je m'asseoir à votre table ?

Il prononça ces paroles en essayant de prendre un air charmeur, sympathique dans le but de pouvoir se faire accepter.
Et puis si elle refuse, tu prends une chambre, une bonne douche, et dodo.

Lamek attendit, sa main effleurait le pommeau de son arme, il se prépareait à toute éventualité, la confiance se gagnait dans ce monde, et il voulait savoir si il pouvait avoir ce sentiment de sécurité avec ces individus.

- Un peu d'aide Mademoiselle ? Même si je pense que vous n'en avez pas besoin...

Sihia le regarda surprise. Que sous-entendrait-il ? Elle plissa les yeux et enfonça son poignard dans la gorge de l'homme au sol. D'un geste sec, elle le retira et l'essuya sur la tunique taché du marchant. Elle se retourna vers le présumé marchombre un sourire sur les lèvres. Elle ouvrit la bouche pour répondre, mais l'homme la devançait.

- Alors qu'en dîtes-vous Mademoiselle ?
- Si je ne me trompa pas, vous êtes marchombre... murmura-t-elle consciente qu'il l'entendrait parfaitement, vous devrez savoir reconnaître quelqu'un en difficulté et quelqu'un qui ne l'est pas. Cela vous sera utile... Mais si vous avez envie de vous amuser il en reste treize. Ah non douze, rectifia-t-elle en regardant la marchombre attaquer.

Mais l'homme n'écoutait pas. Les paroles de la jeune marchombre occupait son esprit. Sihia haussa les épaules et sauta. Kia lui avait apprit à sauter. En pensant à lui toute tristesse avait disparus. Juste de l'amour et de la joie, un remerciement. A l'apogée de sa courbe, son corps tendu se regroupa en une petite boule. Elle frôla le lustre et retomba au milieu des "ennemis". La stupéfaction les cloua sur place et Sihia en profita pour attaquer.

Elle tendit sa jambe gauche et l'envoya de toute ses forces contre la poitrine de l'homme derrière elle. Sa dague et son sabre jouèrent quelque instant ensemble, causant des égratignures au groupe, puis Sihia la lança au cou de l'homme qui se tenait devant le mur. Le choc l'envoya le clouer contre le mur. La jeune Frontalière commença ensuite à percer les décences de ses assaillants tout en ne récoltant aucune blessure.

Deux hommes tombèrent et Sihia modéra son allure. Si les deux marchombres voulaient jouer, ils devaient se dépêcher mais Sihia leur laisser quelque adversaires. De mauvaise grâce. Elle sourit à la jeune femme en voyant sa victime. Elle était certaine qu'elle allait être amies. Ou alors cela risquerait de faire des dégâts. Tandis qu'elle combattait distraitement, elle observait le marchombre. Un sourire naquit sur ses lèvres. Serait-il amoureux de sa compagne de table ?

La réponse avait déplût au jeune marchombre, il serra son poing, éloignant tout sentiment de colère, il ne voulait pas. Il se tourna vers la jeune femme, attaquant ces marchands soûls, apparement elle aimait le combat.
Lamek tira sur le lobe de son oreille, réfléchissant.
Il n'aimait pas prendre la vie de personnes par pur plaisir, pour lui c'était un acte de mecenaire, mais si il pouvait gagner leur confiance en suivant cet exemple...
Non, ne fais pas ça... ils ont eut leur compte...

Finalement, le jeune marchombre avançant vers les assaillants, sortant la lame de son sabre, puis il se mit en garde, attendant les ennemis.
Le premier arriva, le marchombre ferma les yeux un court instant, rythmant sa respiration, puis il commença sa danse. Ses entraînements lui avaient permis de développer son propre style, fluide, rapide. Il allait montrer que c'était lui "Le Soufle", son titre était en jeu.

Il frappa, glissant sur ses pieds, ne laissant aucun moment de répis à son ennemi, il ne voulait pas tuer, il n'infilgeait que de petites blessures, évitant les points vitaux, il enchaînait en coups de coude, restant rapide, prècis. Il faisait tout pour parcourir la Voie, il était Marchombre et non Mercenaire. Ce ne fût que lorsque l'homme tomba à terre que Lamek passa au suivant, tuer ne supprimerait pas leur bétise. Un homme surgit, hache à la main, le jeune homme ouvrit la bouche, comme pour déclarer quelque chose, mais s'y reprit au dernier moment.
" Ne l'utilise qu'en extrême nécessité, une fois dévoilé dévoilé, tous se méfiront, peu de marchombre le maitrise, donne toi une apparence de doux mouton, ainsi tu auras l'effet de surprise "

Le jeune homme se faufila derrière sa proie, le frappant d'un cou de coude, il ne devait pas, pas maintenant. Le garçon se tourna vers la marchombre, elle semblait observer la scène, mais ses pensées étaient impénétrables.
" Le Soufle " rengaina son sabre, pour se rendre vers la sortie, là il s'apuya contre le mur, le regard froid, il attendait.

- L’ombre se profile, Au coin d’une souche abandonnée, Une main fine, Vient s’accrocher, A tes cheveux, Dont l’odeur s’étend, Parmi les cieux, Et les mares de ton sang

Il chuchota ces mots, il voulait se vider le coeur, il avait beau être solitaire, il y avait trop de solitude ici, en ce bas monde.

Le marchombre se tira le lobe de l'oreille, pensif...
Bon, assez traîné, je dois lui rapporter à manger

Le jeune homme se redressa, son regard ne lachait pas la jeune marchombre, il ne pouvait détacher son regard de la jeune, et il ne savait pas pourquoi.
Lamek se faufila, allant vers la reception, là il demanda une part de siffleur encore chaude, peut être que son acolyte accepterait d'en manger cette fois.

- Nous en avons, mais la part est presque froide

La bouche du marchombre se tordit, vexé, mais il fallait quand même que son ami mange, il regarda le menu, qui affichait soupe, laitues et autres. Aucune chance que le Faël mange de cela, le sifleur était le plat qu'il devait prendre.

- Combien pour le sifleur ?
- Vous n'avez pas que le sifleur à payer, il faut aussi le dédomagement

L'aubergiste lui avait répondu, le sourire aux lèvres, le jeune homme fronça des sourcils, il ne savait pas ce qui le retenait, il allait le tuer.
Il ouvrit sa bourse et donna une poignée entière de pièces jaunes, l'aubergiste pris cette quantité le sourire aux lèvres, tout en donnant une assiette de sifleur
Face de Raïs, tu ne perds rien pour attendre...

Lamek prit la part de nourriture encore un peu chaud, puis se rendiut aux écuries, croisant le regard de la marchombre. Une fois à la porte, il se retourna, contemplant l'intérieur de l'auberge, un fin sourire se dessina au coin de ses lèvres.
Il avait assez d'informations pour aujourd'hui, sur ce il sortit.

Naorha avait à peine bougé depuis qu'elle avait décliné son identité... Enfin, identité... Plutôt son surnom... La jeune femme aux boucles brunes buvait désormais un verre d'eau à petites gorgées, fermant les yeux pour se délecter du frais liquide. Elle sentait encore sur sa main l'empreinte de la mort... Une mort tranquille pour cet homme, malgré tout... Trop tranquille. Elle avait vu en son regard des choses bien inhumaines... Et cette frontalière qui continuait son massacre avec ce jeune marchombre... Elle détourna le regard pour se lever et s'approcher de l'aubergiste.
-Je vais payer, mais je ne dormirais pas ici...
-Comment ça, mais...
Elle sortit alors trois pièces de plus que ce qui était demandé, à la surprise du commerçant... Bien peu honnête à son goût, au vu du prix exorbitant qu'il demandait.
-Pour le dédommagement...
Elle remit son argent à la ceinture et passa devant les autres, se prêter attention aux regards qui la suivaient. Elle eu un instant d'immobilité, et enfin, sortit pour rejoindre sa sœur, l'obscurité...

Les hommes étaient au sol. La plupart semblait dormir, mais une plaie gâchait cet effet. Sihia récupéra ses deux armes et les essuya avec soin. Ceci fait, elle les rangea et se rassit à sa table, les traits un chouia fatigués. Elle finit son repas prestement et observa les deux marchombres. L'homme lui paraissait plus important, sa valeur était "remontée".

La jeune femme tendit à l'aubergiste, qui l'observait avec de petits yeux apeurés, des pièces de monnaie et reprit celles de trop. D'un geste discret, elle fit comprendre au tenancier qu'elle ne resterait pas non plus dormir dans l'auberge. Une petite troupe de Frontaliers pourraient débarquer à l'improviste la nuit et l'obliger de revenir à la Citadelle. Sihia récupéra ses affaires restées sur sa chaise et sortit.

La fraîcheur de la nuit tombante la calma. Elle respira longuement, les yeux fermés, cette bouffée d'air pur. D'un pas rapide, Sihia se dirigea vers les écuries, tout sourire. Elle allait chevauché tout la nuit vers Tintiane pour semer ses probables poursuivants puis rejoindre Al-Jeit. Ce plan semblait sans accrocs et la jeune femme était sereine.

Talian l'accueillit à renfort de hennissements joyeux et Sihia la gratta entre ses oreilles, contente de voir un allié. Elle salua de la tête les deux marchombres, ainsi que le Faël qui les accompagnait et partit à cheval en direction de la ville. Sa joie avait été douché par la vue du Faël et son plan sans accrocs allait se révéler plus coriace...