"Eirik" Sur la piste du chasseur...

[Dans ce sujet, je "joue" le rôle d'Eirik comme c'est un personnage que j'ai inventé, Lamek, tu peux répondre si tu en as envie]

Le froid était constant en Astariul, surtout quand l'on approchait du Poll. Mais ce froid-là avait quelque chose de réconfortant pour Eirik. Agenouillé, frissonnant un peu dans le vent descendu des montagnes, il observait le sol, à la recherche de quoi se nourrir, tenant dans son immense main son grand arc de chasse. Il était un bon archer grâce à Naorha et avait amélioré sa technique au cours des années, bien qu'il savait qu'il n'arriverait jamais au niveau de la marchombre. C'était comme l'escalade. Lui qui avait toujours détesté cela, il s'y était mis après son départ, comme pour tenter de devenir comme elle. Devenir un marchombre pour qu'elle n'ai plus peur d'être rejeté à cause de cela. Au début, il s'était lancé dans cet objectif sans prendre le temps de réfléchir, sans rien faire d'autre qu'apprendre tout par lui-même, mais à la fin, il avait compris qu'il ne pourrait jamais l'être. Mais il avait continué tout de même à s'entrainer. Pour lui. Juste pour lui. Et cela lui avait fait du bien. Il avait pu l'oublier, voir d'autres femmes à Al-Far, enfin s'amuser quand il n'était pas parmi les siens, à chasser un peu ou à escorter un convoi. Il avait repris le cours de sa vie, une vie de guerrier, une vie de vrai Thül. Il s'en contentait, même si un peu de mélancolie le gagnait parfois... Une mélancolie qu'il rejetait, qu'il chassait comme la peste. Naorha ne faisait plus partie de sa vie. Elle l'avait fui. Il devait lui aussi la fuir...
Alors qu'il passait la main sur le sol, un mouvement derrière lui attira son attention. Il se retourna pour voir au loin... Un tigre. Un tigre des prairies sans doute. Un beau mâle dans la force de l'âge. Rien d'inquiétant, celui-là paraissait bien portant, il ne l'attaquerait pas... Sinon, il pouvait toujours le prendre en joue... Il leva le regard, observant les faibles lueurs du jour qui perçaient les nuages alors que le vent s'engouffrait dans les plis de ses vêtements. Tout ceci présageait une magnifique journée...

Un homme, un Thül, cet individu l'observait depuis mainteant cinq bonnes minutes, un arc à la main, lemarchombre jugea bon de reprendre son apparence normale, il courra jusque derrière un bosquet. Le Tigre y disparut, un jeune homme en sortit.
Le Thül s'était tourné, observant le paysage, il n'était plus qu'à quelques mètres, pas plus, Lamek s'approcha, cet homme il l'avait déja vu il y a quelques jours de ça, il semblait essayer d'apprendre l'art du combat.
Le marchombre l'observa, un sourire aux lèvres, il voulait savoir de quoi était fait cet homme, et s'il savait où se trouvait ce fameux Eirik, une fois son observation terminée Lamek approcha de l'individu, il avança souplement, rapidement, comme si la pente qui les sépraraient n'était qu'un terrain plat.

- Tu n'arriveras pas à attraper quelque chose en reniflant le sol de cette façon

Lamek avait parlé ironiquement, il essayait de se vider l'esprit depuis sa séparation avec Naorha, l'homme se retourna et sembla analyser le Souffle, ce qui fit de nouveau apparaitre un sourire sur le visage du marchombre, cet homme voulait chercher le gibier mais s'y prenait mal.
Un chevreuil passa, marchant gaiment, n'ayant pas remarqué les chasseurs, Lamek prit son arc encocha une flèche et tira, son temps de visée n'avait durée qu'une seconde.
L'animal s'effondra à terre sous les yeux ebahis de l'inconnu, Lamek le regarda, entrant dans une cascade de rire.

- Ne fait pas cette tête voyon, bon que dirais-tu d'un repas, j'aurais quelques questions, je suis pressé, et mon destin n'attend pas.

-Tu n'arriveras pas à attraper quelque chose en reniflant le sol de cette façon.
Eirik fronça les sourcils, avant de se retourner, se demandant qui était l'imprudent qui le traitait de chien de chasse. Il ne vit personne à part un inconnu face à lui. C'était un homme plutôt grand, bien qu'il paraissait minuscule devant le colossal Thul, les muscles fins et tendus, les cheveux bruns, la démarche fluide et féline. Il était plus jeune qu'Eirik, qui arrivait vers la trentaine, mais devait avoir vu autant de mort. Ses mouvements souples et reptiliens rappelaient ceux de Naorha, ce qui agaça prodigieusement le Thül. Il avait réussi un temps soit peu, au bout de cinq longues années, à oublier la belle marchombre, et voilà qu'un étranger à la stature de minus venait la lui rappeler en critiquant sa façon de chasser avec une énervante ironie. Trois bonnes raisons pour lui mettre une droite, mais si Naorha avait fait quelque chose de bien dans sa vie, c'était sans doute de le civiliser un peu, aussi, il décida d'attendre un peu avant de lui apprendre les bonnes manières et de répondre en bougonnant :
-Ça marchait jusque là. Alors fiche-moi la paix, petit homme...
Il voulu retourner à ses affaires quand il sentit du mouvement. Celui d'un jeune chevreuil qui passait près d'eux. A peine eu t-il le temps de bander son arc que l'animal tombait raide mort, une flèche plantée dans la gorge. Interloqué, il lâcha son arme alors que l'étranger éclatait de rire devant son air ahuri. Ce nain bouffon lui avait volé son repas ! Il sentit sa main attraper sa hache pour lui faire passer l'envie de se moquer de lui, mais la sagesse eu raison de son impulsivité. Il se calma, se contentant de sortir son couteau de chasse pour préparer l'animal. Quoi qu'en dise l'autre, il mangerait un morceau de ce chevreuil, après tout, cela faisait longtemps qu'il s'était levé pour chasser, il ne partirait pas les mains vides !
-Ne fait pas cette tête voyons, bon que dirais-tu d'un repas, j'aurais quelques questions, je suis pressé, et mon destin n'attend pas.
-Volontiers, dit-il en se relevant. Je peux te préparer la viande, cela ne prendra guère de temps... Tu trouveras du bois dans les bagages de mon cheval...
Il désigna sa monture qui broutait tranquillement avant de se remettre à l'ouvrage. Au bout d'un moment, ils étaient assis près d'un bon feu où rôtissait le chevreuil, répandant une douce chaleur et une agréable odeur qui mettait en appétit.
-Tu tires bien, l'ami, dit le Thül en coupant un morceau de viande. En fait, je n'ai vu dans ma vie qu'une personne tirer mieux que toi. Elle était capable de toucher une pièce de monnaie située à cent pieds les yeux bandés.
Encore Naorha... Bon sang, il devait l'oublier... Oui, il avait de l'alcool, une bouteille de tord-boyaux qui lui tournait la tête dès la première gorgée. Il arracha le bouchon avec ses dents et bu une gorgée qui lui fit l'effet d'un coup de massue sur la tête, en plus doux. Il se sentait un peu plus joyeux, mais il savait qu'il ne devait pas se lever au risque de tomber par terre. Il mit la bouteille à côté de sa botte puis leva un visage coloré par la boisson vers l'étranger.
-Hum, au fait... On ne s'est pas présenté, remarqua t-il en tendant la main vers l'autre. Je suis Eirik Thorkal, fils d'Harald.
Il vit soudain l'autre comme tressaillir, ce qui lui fit lever un sourcil. Qu'avait-il dit ?
-Un problème ?

Eirik, c'était donc lui...
Le marchombre avait tressailli, tous ses muscles s'étaient tendus pour lui sauter dessus, mais il décida de faire jouer la sagesse, il aménerait Eirik a son ami, pas de mensonges.
- Non, aucun ne t'inquiète pas

Lamek observa cette montagne de muscle, ill comprit pourquoi Naohra se souvenait de lui, impossible d'oublier un homme de ce gabari, il mit sa jalousie de côté, il mangea un morceau de viande, la chaire fondait dans sa bouche, le feu réchauffait peu à peu son corps.
Bon il s'était présenté, alors d'en faire de même.
- Eh bien figure toi que je te cherchai, je m'apelle Lamek Sakio

Le Thül le regarda, surpri, puis mangea à son tour une bouchée de chevreuil, Lamek lui lança un regard, lui demandant le pourquoi de cette surprise, il attendit qu'il ait fini sa bouchée, cherchant à aborder un sujet délicat.
- Je suppose que tu connais Naorha ? C'est pour elle que je suis ici

Eirik sembla s'étoufer lorsque ce nom sorti de la bouche du marchombre, Lamek ne broncha pas, il n'avait pas envi de rire, d'autant qu'il avait reconnu des gestes maladroits marchombres dans les déplacements de l'homme face à lui. Il se contenta de l'écouter, sérieux, marchombre.

Eirik remarqua un bref instant comme un mouvement chez l'étranger, comme si il allait lui sauter dessus, lui trancher la gorge. Cela le ramena cinq ans en arrière, contre les mercenaires, avec Naorha... Il sentit sa main se contracter autour de son couteau de chasse puis l'autre se détendit, le regardant néanmoins comme d'un œil nouveau.
-Non, aucun ne t'inquiète pas...
Oui, et lui, il était un T'sliche ! Il garda cependant cette réplique pour lui et entreprit de mâcher consciencieusement sa viande. L'étranger l'observait en mangeant, pensant sans doute qu'il ne le voyait pas. Une erreur, le Thül avait au moins le talent d'être observateur. Souvent, son père, qui était à présent dans l'au-delà, parmi les braves, lui avait dit qu'il passait trop de temps à regarder, pas assez à guerroyer. Deux trois baffes à l'attention de quelques adversaires lui avaient fait comprendre que son fils pouvait s'offrir le luxe de contempler la beauté de la nature de son œil avisé. Cela lui avait bien servi quand ses sentiments avaient évolués pour Naorha. Il avait pu graver le moindre de ses traits dans son esprit et laisser à sa guise son esprit s'emparer de cette image dans ses rêves les plus fous. Désormais, il maudissait plutôt ce don qui le faisait vivre avec l'image d'une déesse insaisissable, un fantôme qu'il n'arrivait vraiment à oublier qu'en se concentrant sur une autre ou en se noyant dans la boisson, ce qui à la fin, était du pareil au même.
-Eh bien, figure toi que je te cherchai, je m'appelle Lamek Sakio.
-Ah ? Fit-il en attrapant sa bouteille. Pourquoi ?
Il mit une bonne bouchée de chevreuil dans sa bouche et avala rapidement, avant de boire une autre gorgée. Cela lui décapait franchement la gorge et lui enflammait le gosier, mais bon sang, cela lui faisait un tel bien ! Il remit le goulot dans sa bouche alors que Lamek se décidait à parler :
-Je suppose que tu connais Naorha ? C'est pour elle que je suis ici.
Il cracha la gorgée qu'il voulait avaler avant de tousser plusieurs fois, sentant sa gorge se nouer comme pour l'empêcher de respirer. Au bout d'un moment, il réussit à inspirer à nouveau, le souffle court avant de lever les yeux vers Lamek.
-Comment peux-tu...
D'un seul coup, une pensée traversa son esprit. Si il connaissait Naorha, peut-être que cela voulait dire... La jalousie lui étreignit le cœur et raviva la flamme d'une colère qu'il avait oublié depuis longtemps d'attiser.
-Tu l'as touché ?
Il y avait dans ces mots une crainte et une rage qu'il tentait de retenir. Jusque là, ils avaient parlés amicalement, mais parler de Naorha changeait tout. Il bouillait de fureur à l'idée que cet homme ai peut-être partagé plus de choses que lui avec la marchombre. Il n'avait eu le droit qu'à un baiser, un baiser bref, un premier baiser d'adolescente, mais un baiser imprimé en lui à jamais. Redoutant la réponse autant que le nom de sa bien aimée, il secoua la tête d'un air désespéré.
-Un cauchemar, un cauchemar... Il faut que je boive, ça va passer...

Lamek ne broncha pas, il se contenta de répondre à la question du Thül tout en l'analysant, il en était certain maintenant, cet homme essayait d'apprendre le marchombre.
- Non, je ne l'ai que serré une fois dans mes bras, mais parlons de toi...

Le jeune homme se leva, s'étira tout en laissant sortir un gémissement, une fois ses muscles détendus il resta debout, regardant Eirik dans les yeux, cherchant à trouver pourquoi il cherchait cettte Voie. Une minute se passa dans un silence de glace, ou seul les regards parlaient.
Puis Lamek se décida à enfin reprendre la conversation.
- Pourquoi cherches-tu à être marchombre comme elle ? Pour s'y initier il faut le vouloir et nonle faire pour retrouver quelqu'un.

Soudain le Thül se leva dans un sursaut, Lamek ne bougea pas, mais il sentait la haine bouillir en lui, il commença à crier, à se défouler sur le marchombre, lachant sa colère.
Lamek resta debout, static, ignorant cet homme soudain fit l'erreur de sa vie.
- Comment peux-tu connaitre les marchombres le nain, comment peux-tu dire comment en devenir un ?

Soudain il se tût, retenant son sa respiration, Lamek s'était déplacé derrière lui et une lame appuyait sur sa gorge, le marchombre avança ses lèvres vers l'oreille de Eirik, doucement, comme pour faire durer le suplice, là ke colosse tressaillit aux mots du marchombre.
- Un, jusqu'à présent, toutes les personnes qui m'ont manquer de respect ne sont plus là pour le dire, tu pourrais être le premier.

Le jeune homme reprit une bouffée d'air puis recommença à parler, il entendit un déglutissement du Thül, mais ne fit aucune remarque.
- Deux, je suis marchombre, et tu ne pourras pas en devenir seul, car tu ne peux découvrir la chasse sans professeur, trois, as-tu entendu parler du Souffle ?

Sur ces mots il s'éloigna de Eirik pour se replacer face à lui, lames rengainées, faisant comme si rien ne s'était passé, il regarda le Thül perplexe puis prit une nouvelle bouchée de chevreuil.
Le colosse semblait réfléchir, comme si un choix s'imposait à lui.

Lamek ne dit rien, restant impassible, alors qu'Eirik attendait une réponse, bouillant de rage. Une partie de lui-même n'arrivait ps à croire à la réalité de cette situation... Se retrouver seul face à un inconnu qui parlait de Naorha, sa Naorha... C'était comme un mauvais rêve qui refusait de se dissiper...
- Non, je ne l'ai que serré une fois dans mes bras, mais parlons de toi...
Le Thül eu un rictus qui découvrit ses dents serrés, puis il baissa la tête, le regard enragé.
-Je n'ai rien à dire... Absolument rien...
Il tentait de mettre un mur entre Lamek et lui, il essayait d'échapper à sa réalité... Une réalité où le visage de Naorha semblait le narguer... Son beau visage qu'il aimait tant...
- Pourquoi cherches-tu à être marchombre comme elle ? Pour s'y initier, il faut le vouloir et non le faire pour retrouver quelqu'un.
Les épaules du colosse tremblèrent alors qu'il entendait ces mots. Les mots de trop. La colère explosa, le faisant subitement se lever pour faire face à l'autre. Cet autre qui cherchait à rouvrir d'anciennes cicatrices pour le laisser lentement crever dans son propre sang. Pour le laisser mourir et rejoindre Naorha. La lui voler...
- Comment peux-tu connaitre les marchombres le nain, comment peux-tu dire comment en devenir un ?!
Il voulu continuer, continuer pour lui dire de partir, de le laisser en paix, de faire ce qu'il voulait avec les marchombres, mais les mots restèrent coincés dans sa gorge. Une lame était appuyée contre son larynx, menaçant de le tuer. Comme il s'y attendait... Il ferma les yeux, évoquant dans son esprit une supplique silencieuse, celle que la mort vienne à lui comme une amie et lui fasse rejoindre ses ancêtres pour un éternel repos. Pas de batailles héroïques ou de banquets parmi les dieux, non, juste un sommeil profond où il pourrait rêver d'une vie avec Naorha. Juste cela...
- Un, jusqu'à présent, toutes les personnes qui m'ont manquer de respect ne sont plus là pour le dire, tu pourrais être le premier.
Malgré lui, il déglutit et s'en voulu tant qu'il aurait voulu s'en mettre une, mais il préféra écouter la suite.
- Deux, je suis marchombre, et tu ne pourras pas en devenir seul, car tu ne peux découvrir la chasse sans professeur, trois, as-tu entendu parler du Souffle ?
-Non.
Il avait dit cela avec un mépris certain. Mille mots de morts plus ou moins funestes lui vinrent à l'esprit mais aucun ne franchit le rempart de ses lèvres. Aucun n'était assez fort pour exprimer le dégout que lui inspirait cet homme. Il se haïssait pour avoir accepté de partager avec lui son repas, se haïssait pour avoir été aussi amical. Comment pouvait-il encore supporter son regard sans le tuer ou se tuer ? Il se le demandait... Au bout d'un moment, il se décida à parler :
-Tu me parle de marchombres, tu me propose presque de devenir comme eux, mais sache une chose. Je hais les marchombres. Ils m'ont enlevés Naorha.
Il se rassit se prenant la tête dans les mains un instant puis la releva :
-Je ne sais pas ce que tu veux, pourquoi tu viens me torturer alors que j'avais réussi à trouver un semblant de paix, mais sache une chose : cela fait longtemps que j'ai abandonné l'idée d'être marchombre. Au fond de mon âme, je sais que ce n'est pas ma voie. Et de toutes manières, jamais je ne voudrais être comme vous, comme... Toi.
Il regardait Lamek avec rage, avec dégout.
-Tu dis l'avoir juste enlacer ? Je vois dans ton regard que ce n'est pas vrai et ça me donne une bonne raison de vouloir te tuer... Comme sans doute cela te donne une bonne raison de vouloir faire de même avec moi.
Son expression s'était adoucie, devenant juste amère, sombre.
-Dis moi sans détour ce que tu me veux. Ne joue pas aux énigmes avec moi. C'est un jeu que je me réserve qu'avec une personne que nous connaissons tout les deux.

Le marchombre bougea pas bien que la colère naissante lui inspirait de tuer cet homme qui commençait à le dégoûter, le fait qu'il ne la connaisse pas ne lui faisait, non, c'était le fait qu'il le prenne pour inférieur.
- Tu veux savoir ?

Le marchombre s'assit, le visage de Naorha lui revenait en mémoire, il regarda le colosse dans les yeux, comme pour le défier d'avoir eu pire chagrin, pour lui montrer qu'il serait prêt à tout pour réparer ce qui se passait.
- Naorha et moi avons eu une liaison, mais il y a quelques jours elle m'a dit t'aimer, toi, ses baisers enfantin qu'elle m'avait fait montrait son amour puis nous avons partagé un autre baiser, plus fort, mais qui ne lui avait servi qu'à essayer de t'oublier, elle m'a utilisé.

Lamek avait hurlé, la rage d'une âme blessée se voyait dans ses yeux, il voulait l'oublier, oublier ces mensonges, mais ne faisait que ces souvenirs sortent de son esprit.
- Elle a pleurée, m'expliquant qu'elle t'aimait, je me suis enfui d'elle pour te chercher, pour pouvoir faire en sorte qu'au moins certains soient heureux, je veux te ramener vers elle pour pouvoir la voir sourire avant de m'évanouir dans la nature.

Le marchombre détourna le regard, observant le paysage pour essayer de se calmer, calmer sa colère, mais il sentait le regard du Thül comme il sentait la présence de Naorha à certains moments, une fois calmé Lamek regarda Eirik, puis parla d'une voix calme.
- Maintenant à toi de choisir, après tout c'est ton destin, moi le mien est apparemment d'errer solitairement car à chaque fois je suis trahi.

Le Soufle se leva, puis commença à partir, il lança un dernier regard au Thül.
- Je peux t'enseigner aussi, si tu veux me suivre, va voir le Tigre au bord de la rivière, il te guidera à moi

Sur ces mots il s'évanoui dans la végétation, laissant un colosse seul, perplexe, une goutte tomba au sol, une larme, une larme de marchombre, une larme d'un homme blessé et qui apportait quand même le secours à son ennemi

Eirik se laissa tomber sur le sol, se laissa aller à la contemplation du ciel azuré. La Voie des Marchombres... Lamek ne comprenait-il donc pas que ce n'était pas ce qu'il voulait ? Qu'il n'avait voulu être un marchombre que pour que Naorha puisse rester avec lui ? Marchombre était un mot qui ne le définissait pas. Il n'était pas fait pour la subtilité, pour la rapidité et la danse du vent, comme lui avait un jour dit en riant Naorha. La danse du vent... C'était un peu avant l'embuscade qu'ils avaient tendus aux mercenaires, un peu avant leur baiser... Leur unique baiser...Naorha lui avait montré un peu comment on se battait avec des dagues et lui avait fait essayer, mais sa maladresse avec une arme aussi petite l'avait autant fait rire que ses difficultés à se mouvoir. Il avait fini par jeter la lame par terre et décider d'arrêter quand Naorha lui avait pris les mains pour lui montrer mieux comment s'y prendre. Le trouble les avait saisi tout les deux, comme au jour de leurs retrouvailles et qui sait ce qu'il se serait passé si Ulia n'était pas venu les interrompre en hennissant un peu plus loin. Une pensée amère d'inachevé l'envahie en repensant à cela... Une pensée qui lui fit prendre sa décision. Il attrapa ses affaires et monta à cheval, se dirigeant vers l'endroit indiqué.
-Lamek ! Appela t-il. Je ne veux pas être marchombre ! Tu entends ? Je ne veux pas ! Mais j'aime Naorha tout comme toi tu peux l'aimer ! Je comprends ce que tu ressens et j'aimerai pouvoir apaiser ta douleur... Je te demande de me pardonner pour mon attitude...
Il se serait volontiers giflé pour avoir dit tout cela tant la jalousie continuait de lui dévorer le cœur, surtout après ce que lui avait dit Lamek, bien que sa bien-aimée l'avait rejetée pour lui... Pour lui... La honte se mit alors à l'envahir. Pendant cinq ans, il avait tout fait pour oublier Naorha alors qu'elle, n'avait apparemment jamais réussi à l'oublier. A un moment de sa vie, il y était même parvenu. Un bref moment, mais un moment d'immense joie. Pas elle et un autre homme en faisait les frais. Il ne la méritait pas... Lamek, oui. Avoir décidé de réunir un rival et sa bien-aimée pour assurer son bonheur était un acte qui prouvait qu'il la méritait. Et malgré ce que lui hurlait son égoisme, il dit alors :
-Tu la mérite mieux que moi, Lamek... Je vais t'aider à lui faire oublier le pauvre Thül que je suis... Tu mérite Naorha... Pas moi.

Lamek buvait l'eau à grands coups de langues, la rivière descendait d'Est en Ouest, un magnifique lit. Soudain ses sens furent en alertes, l'odeur du Thül lui arriva aux narines, une odeur de cuir, de sang, de transpiration, persque la même que la sienne.
Le tigre s'assit, observant l'homme arriver, le félin l'observa de ses yeux de prédateur puis remarqua la main du colosse qui se rapprochait de son arbre, petit à petit. L'animal émit un ronrement, Eirik se méfiait, grand bien lui fasse.
Lamek passa dans la rivière pour atteindre le rebord, l'eau était glacée, les gouttes imprégnaient son pelage, et humidifiait ses pieds, l'animal se gratta le museau de la patte, ce qui lui donna un air comique, enfin, lorsqu'il fut de l'autre côté il fit signe au Thül de le suivre et courra à travers les arbres, la végétation, durant un moment le colosse perdit sa trace et trouva Lamek allongé sur un rocher, le marchombre observa son rival.
- Quoique tu fasses, elle ne t'oubliera pas, j'en suis certain

Le Souffle avait chuchoté ses mots, sa voix avait été chargée d'émotion, Eirik avait une chance qu'il ne mesurait pas, Lamek baissa la tête puis se mit à réfléchir pendant quelques minutes, une fois sa réflexion terminée, il releva la tête.
- Tu dis ne pas vouloir devenir marchombre, ce choix t'appartient, mais sache que Naorha ne juge pas sur l'apparence, et pour moi, toute personne peut devenir marchombre, il suffit que le maître et le l'apprenti en aient la volonté

Le jeune homme ferma les yeux, souriant, il voyait Kalim lui dire ces mots dans persque les mêmes conditions, il n'était alors qu'un gringlet, fragile, sans aucune souplesse, maladroit, mais son maître avait fait de lui un membre de cette guilde malgré les difficultées.
Lamel rouvrit les yeux et fixa le Thül du regard.
- Ferme les yeux

Le colosse parut surprit mais s'executa, il ferme les yeux puis ralenti sa respiration, le marchombre l'observa, analysant encore une fois chacunes parties de son corps, l'initier serait diffile mais pas impossible, il savait à peu près comment s'y prendre, mais son choix était la clé de son destin.
- Maintenant écoute, qu'entend-tu ?

Le silence se fit, les deux hommes restèrent immobiles, la nature était silencieuse, comme si elle voulait faire passer un message.

Eirik avait suivi le tigre, l'étrange tigre qui ne s'était pas effarouché en le voyant. Il avait côtoyé toute sa vie des tigres des prairies et en avait conclu que ces créatures attaquaient très facilement l'homme. Pas celui-ci. Il semblait venir d'un autre temps, un autre monde... Et il le guidait pour ensuite disparaitre. Le Thül marmonna un juron avant de tirer sa monture pour chercher l'animal. Il redoutait que celui-ci ai disparu et qu'il ne puisse plus retrouver Lamek. Il eu un soupir désespéré puis entreprit de s'aventurer un peu plus sur la piste du tigre. Ses traces se découpaient bien sur le sol, il pouvait le suivre facilement au final. Un néophyte n'aurait rien vu, mais son œil expérimenté voyait clair. Il avança le plus silencieusement que sa grande carrure pouvait lui permettre jusqu'à ce que les traces disparaissent subitement. Le tigre semblait avoir disparu purement et simplement. Il continua néanmoins et trouva bientôt ce qu'il cherchait. Lamek. Le marchombre était allongé sur un rocher et le fixait.
-Quoique tu fasses, elle ne t'oubliera pas, j'en suis certain.
-Comme toi, tu ne l'oublieras pas, n'est-ce pas ? Je ne suis pas la personne qu'il lui faut...
Il jugea bon de ne pas continuer à polémiquer sur ce sujet. Lui et Lamek étaient de toute évidence des personnes aussi obstinées l'une que l'autre. Peu de choses pouvaient les faire changer d'avis...
- Tu dis ne pas vouloir devenir marchombre, ce choix t'appartient, mais sache que Naorha ne juge pas sur l'apparence, et pour moi, toute personne peut devenir marchombre, il suffit que le maître et le l'apprenti en aient la volonté
Le Thül resta dubitatif face à ces paroles qui ne voulaient rien dire à son sens. Il avait juste compris que Lamek s'obstinait encore à vouloir lui proposer d'être marchombre. Une fois de plus la colère l'envahit, mais il tint sa langue. Il aurait d'autres occasions de se défouler...
-Ferme les yeux
Eirik esquissa un mouvement de surprise, ne comprenant pas trop où voulait en venir le marchombre, mais devant son air assuré, il ne pu que s'exécuter. Il se laissa tomber à terre avec un bruit mat, fermant les yeux comme le lui avait demandé Lamek. Dans son esprit envahi de pensées contradictoires, il avait du mal à trouver un semblant de paix mais bientôt, un visage s'imposa à lui. Naorha. Comme une douce lumière qui illuminait sa vie. Et bientôt, même sa voix se mit à résonner dans sa tête, mais pas de la manière dont il l'aurait pensé.
Lamek est avec toi, n'est-ce pas ?
Il voulu ouvrir la bouche, mais les mots restèrent coincés dans sa gorge alors que la belle voix de la marchombre continuait de lui parler.
Pense seulement, je t'entendrais... Par le sang des figés, je n'aurais jamais cru qu'il commettrait une telle folie.
Il est vrai qu'il est assez spécial...
Parfait, je t'entends très bien. Eirik, vous ne vous êtes pas entretués au moins ?
Ne pense pas que tout les hommes sont des ours mal léchés ! Tout va bien, Lamek est juste persuadé que je ferais un bon mar...
Il a raison.
L'assurance qu'il y avait dans sa voix bloqua toute ses pensées et le fit déglutir. Il finit néanmoins par reprendre ses esprits.
Naorha, tu m'as vu ? Je n'ai pas la carrure d'un marchombre ! J'ai toujours frappé là où je savais que globalement ça faisait mal, rien d'autre !
Aucune réponse ne lui vint. Juste un silence inquiétant qui le fit frémir un peu d'angoisse. Puis, Naorha dit ses derniers mots avant que tout ne redevienne silencieux.
Cherche la Voie.
Il aurait volontiers rouvert les yeux pour frapper sur le premier venu, en l'occurrence, Lamek, mais songeait à la lame qui avait failli lui trancher la gorge. Aussi, il s'abstint et entreprit de faire le vide. Sa respiration se ralentit, devint plus régulière, presque imperceptible. Au milieu de tout cela, il eu l'impression d'entendre des murmures. Des murmures étranges...
-Maintenant écoute, qu'entend-tu ?
Il ne dit rien. Absolument rien. Il se contenta de tendre la main et de poser son doigt sur la poussière. Poussé par une force étrange, une force d'une incroyable profondeur, une force qui lui murmurait à l'oreille, il se mit à tracer dans la poussière. Quand il enleva son doigt, il rouvrit les yeux et vit qu'il n'avait pas dessiné, comme il s'y attendait, mais avait écrit. Il avait écrit alors qu'il ne savait même pas lire. Pourtant, il comprit chaque signe, chaque mot.

Harmonie
Plénitude
Marchombre

-Marchombre... Souffla t-il, ne comprenant pas ce qui était arrivé. Marchombre...
Seul un vrai marchombre peut saisir le sens des mots de la poésie. La poésie du silence, comme disait Naorha. Une poésie où chaque mot était l'explosion d'une beauté cachée. Eirik comprenait chaque mot qui s'offrait à lui. Chaque mot, chaque sens, chaque son. Il ne ressemblait pas à un marchombre, mais il en avait l'âme. Et cette certitude le bouleversait. Il ne savait plus quoi dire, juste fixer ces mots. Bien des personnes avaient le corps d'un marchombre, mais ne possédaient pas l'esprit, le souffle, les pensées, le cœur... L'âme pour en être un. Lui, il l'avait. Il était né marchombre. Qu'il le veuille ou non.

Lamek regarda Eirik, il ne fit pas attention à ce qu'il avait écrit, il savait sans même regarder, le colosse était plus que surpris, ce qui fit sourire le marchombre. Il le laissa reprendre ses esprits, puis se leva, il s'approcha de lui et mit la main sur son épaule, Eirik ne broncha pas.
- Maintenant tu sais, rares sont les personnes qui m'ont fait changer d'avis, désormais un choix s'offre à toi, suivre la Voie ou continuer à fuir

Un silence répondit, Eirik ne répondait pas, perplexe, Lamek se contenta de continuer, il se sentait prêt à prendre en charge. Le jeune homme se laissa tomber en tailleur devant le colosse, il lui la main et commença à en toucher les rides, Eirik ne broncha pas.
- Les lignes de ta main sont tes choix, ici se trouve une fourche

Lamek désigna une ride de l'index, il leva la tête, observant l'homme dans les yeux, sérieux, il lui semblait être dans la même situation qu'avec Kalim, mais cette fois il était marchombre.
Le Souffle sortit de ses pensées, se reportant à nouveau sur le Thül.
- Tu as deux choix, ignorer l'appel, ou me suivre. Si tu choisis la deuxième option il te faudra me donner trois années de ta vie, trois ans d'enseignement, une fois ce choix fait tu ne pas revenir sur ta décision. Durant ton enseignement tu devras suivre mes instuctions aveuglement, tout en sachant que je te protégerais pour Naorha.

Lamek se releva et son regard montrait qu'il était sérieux, son choix serait décisif, le marchombre alla en s'asseoir sur son rocher, il planta son regard dans celui du Thül.
Le cheval s'ébroua, comme pour montrer que le temps pressait, Lamek regardait toujours Eirik.
- Maintenant choisi, non pour Naorha, mais pour toi

Eirik sentit la main de Lamek se poser sur son épaule. Il y a quelques instants, ce contact lui aurait fait avoir un mouvement de dégout. Plus maintenant. Désormais, ce contact lui donnait un sentiment de profonde sérénité. Une sérénité que même l'image de Naorha n'arrivait à entailler.
-Maintenant tu sais, rares sont les personnes qui m'ont fait changer d'avis, désormais un choix s'offre à toi, suivre la Voie ou continuer à fuir.
Il frissonna en entendant ces mots. Comme il était étrange que cet homme pourtant bien plus jeune que lui lui propose de le former, de lui apprendre ce qu'il savait... Il se sentait presque misérable face à lui, mais ce sentiment fut vite refoulé. Lamek lui proposait une chance de suivre une voie que peu avaient foulés. Le marchombre se laissa tomber face à lui pour lui prendre une de ses mains. Calleuses, la peau à vif à certains endroits, elles ne présentaient aucunement un modèle de précision et d'habileté, mais étaient durs et endurantes, parfaites pour la vie qu'il avait.
-Les lignes de ta main sont tes choix, ici se trouve une fourche.
Il lui désigna des lignes en question, si familières aux yeux du colosse, et pourtant, il venait à peine d'en découvrir le sens... Il vit alors que Lamek le fixait avec un air impénétrable.
- Tu as deux choix, ignorer l'appel, ou me suivre. Si tu choisis la deuxième option il te faudra me donner trois années de ta vie, trois ans d'enseignement, une fois ce choix fait tu ne pas revenir sur ta décision. Durant ton enseignement tu devras suivre mes instructions aveuglement, tout en sachant que je te protégerais pour Naorha.
Lamek se releva, ses gestes fluides, rapides, dangereux, pareils à ceux de Naorha. Une telle perfection était inhumain, comment pouvait-il espérer l'atteindre ? Il ne savait pas, il se perdait dans les méandres d'une réalité trop difficile à supporter. Il n'arriverait jamais à être un marchombre. Jamais. Il n'avait pas le corps, pas la souplesse, pas la rapidité... Mais il en avait l'âme. Cela serait-il suffisant ?
- Maintenant choisi, non pour Naorha, mais pour toi.
Pour lui. Rien que pour lui... Le silence laissa place à un grad tumulte intérieur, puis de nouveau, à une sérénité sans pareille. Et un mot. Un seul. Marchombre.
-J'accepte. Je donnerai trois ans de ma vie. Mais sache que tu t'aventure sur un terrain que nul n'a foulé. Les Thüls ne sont pas faits pour être marchombre. Aucun ne l'a jamais été.
Il venait de prendre la plus grande décision de sa vie, il en avait conscience et une partie de lui en avait peur alors que l'autre était en paix avec lui-même. Puis, l'excitation s'empara de lui. Il commençait une nouvelle vie, une vie où il pourrait prouver ce qu'il valait vraiment. Une vie où il pourrait devenir ce qu'il avait vu en lui. Harmonie et Plénitude. Une vie où il serait marchombre.

- J'accepte. Je donnerai trois ans de ma vie. Mais sache que tu t'aventure sur un terrain que nul n'a foulé. Les Thüls ne sont pas faits pour être marchombre. Aucun ne l'a jamais été.

Lamek ignora la remarque du Thül, pour lui chaque formation était différente, mais aucune n'était impossible. Le marchombre se leva, fluidement, il regarda la monture de Eirik puis se tourna à nouveau vers. Rejoindre Naorha serait long, et il n'avait pas de monture, de plus, un mauvais pressentiment commençait à le gagner, et son instinct ne le trompait que rarement.
Il regarda son apprenti, il ne possèdait que des armes lourdes qui ne faisaient que des dégâts superficiels, le maniement des armes serait donc son premier objectif.
- Monte à cheval, j'ai un mauvais pressentiment, nous allons au Pays Faël, je pars devant chercher une monture.

Sur ces mots, le marchombre courrut, ses pieds touchaient à peine le sol, un buisson le couvrit quelques secondes, l'instant d'après un félin gambadait, le tigre courra vers la population.
Lamek ne savait pas si Eirik avait découvert sa facultér mais il ne le craignait pas, il lui faisait confiance, à lui, son apprenti.
Lamek courru pendant plus d'une heure, sentant la présence de Naorha, il pouvait presque la toucher, sentir le perfum de ses cheveux...
Le tigre secoua la tête, il ne devait plus penser à la marchombre, un seul homme pourrait être avec elle et le destin avait apparemment désigné Eirik comme heureux élu, le marchombre avait beau haïr cette situation, il n'en disait rien, car en parler ne ferait qu'augmenter sa douleur.