"Le Grand Départ"... Qui sait ce qui nous attends ?

Naorha respira l'air frais du matin à peine naissant. Ses cheveux bruns étaient ébouriffés par le vent du Nord. Le Nord qui l'appelait de ses chants mystérieux. La brume envahissait le lointain alors que le soleil se levait à l'est. Elle écarta quelques buissons pour observer les traces d'un chevreuil puis tira son arc de son carquois. Ulia était à sa suite. La jument la suivait d'un pas discret, semblant veiller sur son impétueuse maitresse. A un moment, la jeune femme s'arrêta, observant que l'herbe fraiche avait été piétinée il y a peu. Elle caressa un instant les gouttes de rosée en fronçant les sourcils puis... Elle sauta en arrière, se retournant pour sortir une lame et la plaquer sous la gorge de... Lamek.
-Par les brumes de l'Ombreuse, que faites-vous là ?
Elle venait de voir que le marchombre n'était pas seul. Tiam était un peu plus loin, adossé à un arbre, observant son ami, hilare. Elle retira sa dague pour la faire voler entre ses doigts et la remettre d'un geste rapide et fluide à la ceinture, ses yeux lançant des éclairs.
-J'ai cru que c'était un... Un maraudeur.
Elle se détourna des deux hommes, sincèrement en colère contre eux. Elle n'aimait pas la surprise, cela lui donnait le sentiment de ne rien contrôler, si bien qu'elle réagissait toujours avec violence, n'hésitant pas à poignarder ceux qui osaient faire trop augmenter son rythme cardiaque. Elle alla vers Ulia et la caressa avant de mettre son carquois et son arc à la selle de la jument.
-J'allais vous réveiller, mais j'ai entendu du bruit durant la nuit... Ça devait être des paysans ivres...
Mais elle n'en était pas tellement sûr, si bien qu'elle préférait rester sur ses gardes. Elle caressa un instant le fourreau de son couteau de chasse avant d'enfourcher sa jument. Les deux autres semblaient avoir leurs chevaux avec eux.
-Allons-y, il n'y a pas de temps à perdre, dit-elle d'un ton un peu rageur.

Lamek monta Tonnerre, pensif, il ne croyait pas à l'excuse du maraudeur, Tiam non plus d'ailleur, le marchombre n'aimait pas ce qui restait d'arriver, cela sentait le Mentaï.

- Un maraudeur hein...

Il l'avait chuchoté, se tournant vers le Faël qui était du même avis que lui, elle ne leur faisait pas confiance, était-elle poursuivie elle-aussi ?
Le soufle n'aimait pas être mit à part, la fureur de la jeune femme complétait ses doutes, un marchombre ne se serait pas énervé ainsi pour un simple maraudeur.
Enfin, il mit de côté ces pensées, pensant qu'il valait mieux que tout reste ainsi, il le saurait le moment venu.
Le temps était radieux, la nature silencieuse, trop silencieuse selon le goût du marchombre qui éraflait ses lames du bout des doigts pour se rassurer.
Calme toi, calme toi, tu n'as rien à craindre

Mais il n'arrivait pas à se calmer, son esprit le martelait comme le lendemain d'une cuite, et il se trouvait de plus en plus bizarre, il ne se reconnaissait pas.
Ses réflexes devenaient chaques jours de plus en plus rapides, même si ils n'égalaient pas ceux de la marchombre, il y avait comme un côté sauvage qui se réveillait en lui, et ceux depuis sa visite au Pays Faël. Lamek prit son sabre, placé sur le flan de sa monture et le plaça dans son dos, il était plus facile de sortir sa lame mortelle dans cette position.

Le Soufle se calma, contemplant la jeune femme, il ne s'en lassait pas, à chaque fois il trouvait de nouveaux détails, comme la Flèche de l'Ombreuse s'embellissait de jour en jour.
Elle était en fureur, pourquoi ? A cause de ce matin ? Le jeune marchombre ne savait pas, quand il s'était levé elle était partie chasser.
Peut être qu'elle s'est retrouvée contre moi.

Il avait eu cette pensée, souriant, il avait de quoi se distraire, la jeune femme était amusante à force de vouloir être le "chef", cela l'amusait. Son cheval se cabra pour le sortir de ses pensées, il n'aimait pas que son maitre s'interresse aux femmes, cela rendait son maitre rêveur, il ne restait pas sur ses gardes.

Elle sentait bien, dans son dos, l'amusement des deux hommes et cela l'agaçait. Plus d'une fois dans sa vie, elle était tombée sur des machos à qui elle avait du clouer le bec en leur mettant une droite, et voilà qu'elle était maintenant accompagné de deux bouffons... Elle ferma les yeux pour souffler. Non, il fallait qu'elle se calme... Elle ne devait pas se mettre en colère, cela risquait de la déconcentrer... Il fallait qu'elle se calme pour observer les détails alentours... Pour l'instant, elle n'entendait rien à part les bruits de la nature envahie par un calme ambiant venant surtout de leur présence. Elle avait vécu longtemps dans la forêt, elle savait à force l'effet que faisait la présence de cavaliers... Elle remarqua que le marchombre derrière elle touchait souvent du bout des doigts ses lames, tout en l'observant attentivement. Plus elle y pensait, plus elle songeait que ce jeune homme devait rêver à bien des choses en la regardant...
«Mais non, tu te fais des idées...»
Et pourtant... Tiam semblait un peu moqueur quand il jetait un œil au marchombre, sa monture s'ébroua à un moment, comme pour le sortir de ses rêveries... Et il avait toujours ses doigts sur ses lames.
-Nerveux ? S'enquit-elle en laissant passer le Faël devant pour se mettre à la hauteur de Lamek. Tu ne devrais pas... C'est la nervosité qui fait les erreurs...
Elle lui adressa un sourire légèrement enjôleur avant de s'écarter de lui pour sortir son arc, observant les alentours. Bientôt, le bois laissa place à d'immenses plaines où l'on apercevait les contours du Lac Chen et un peu plus loin du Gour, simple ligne à l'horizon. Le vent soufflait dans ses cheveux, faisant voleter ses mèches sombres. Elle se sentait bien sous ce soleil, en cette plaine... Elle aperçu néanmoins de la végétation de ci de là, avec quelques petits cours d'eau provenant des montagnes de l'Est. En mi-journée, elle eu l'idée de s'arrêter dans un de ces bosquets afin de laisser les chevaux se désaltérer et se reposer un peu à l'ombre. Eux-même pouvaient profiter de la fraicheur offerte par ces arbres. Elle descendit de sa monture puis observa que le ruisseau continuait un peu plus loin, derrière les feuillages. Elle puisa de l'eau pour se rafraichir le visage avant de regarder un peu les galets qu'on apercevait facilement au fond. Elle se tourna alors vers le marchombre en défaisant ses cheveux.
-Ça te dirait un bain, Lamek ? Je crève de chaud...
Tout en disant cela, elle enleva son haut de cuir pour garder son justaucorps de lin avant d'attraper le fourreau d'une de ses dagues pour l'attacher autour de son bras. Elle enleva ensuite ses bottes afin d'entrer dans l'eau. Elle était détendu, mais restait sur ses gardes. L'histoire du maraudeur du matin même lui rappelait qu'elle s'était attaqué il y a plusieurs années à des mercenaires du chaos avec Eirik... A l'époque, elle avait eu peur qu'il ai des représailles, mais il était resté en vie, heureusement. Cette même peur l'habitait un peu, bien qu'elle s'était éloignée du Thül... Elle observa le Faël qui était un peu plus loin, à côté des chevaux, puis alla derrière les feuillages pour profiter d'une eau plus profonde et d'une vue sur l'horizon où se découpait la ligne fine du Gour...

Faire le foufou, Lamek aimait la faire voir, cela lui permettait de ne pas trop se dévoiler, il n'aimait pas que des inconnus le connaissent trop. Un sourire se dessina sur ses lèvres, le Mentai qu'il avait combattu avait été surprit que le "bouffon" sache se battre. Cette vision qu'il donnait de lui ne lui plaisait pas tellement, mais elle lui permettait d'avoir l'effet de surprise, de ne pas dévoiler ses atoûts.

-Nerveux ?avait-elle dit en laissant passer Tiam devant pour se mettre à sa hauteur. Tu ne devrais pas... C'est la nervosité qui fait les erreurs...
Lamek ne répondit pas, il ne supportait pas être prit de haut, et cette femme l'énervait au plus haut point, il ferma les yeux, cherchant la méditation, pratique qu'il détestait mais parfois utile.
Une pause fût déclarée, et ce n'était pas au grand regret du marchombre, il en avait assez d'être sur ses gardes. Il sauta à terre, attacha Tonnerre et caressa l'animal pour le récomposer, ce cheval était un de ses amis les plus précieux, tout comme le Faël d'ailleur.

-Ça te dirait un bain, Lamek ? Je crève de chaud...

La femme avait pronocée ces mots tout en rentrant dans l'eau, l'invitation était alléchante, mais le jeune homme ne voulait pas trop cédé à ce luxe, les cheveaux seraient seuls, ses armes aussi. Le marchombre se tourna vers le Faël, lui faisant un signe de tête, celui-cu lui répondit immédiatement clin d'oeil, il avait comprit le message, il surveillerait les chevaux.
Lamek s'approcha de la surface liquide, il la toucha et s'aperçu qu'elle était à son goût, le Soufle enleva son haut tout en rougissant, son histoire serait lisible de tous, ses cicatrices, ses muscles, chaque partie de son tronc. Il enleva ses bottes et fixa une lame une à cheville, mieux valait être prudent, puis il entra dans l'eau, ne laissant dépasser que la tête, savourant ce rare plaisir. Il se tourna ensuite vers Tiam, qui surveillait les chevaux mais aussi les deux marchombres, un sourire aux lèvres.
Lamek était silencieux, il n'aimait pas trop parler avec ceux qui le prenaient de haut, d'autant que les deux marchombres ne pouvaient pas se voir.

- Vrai couple vous deux. Avait dit le Faëm ce matin tout en rigolant

Un sourire se dessina en fin sur le visage du Soufle, si seulement son ami pouvait dire vrai, mais une telle femme avait sans aucun doute déja un compagnon, il ferma les yeux, savourant ce doux moment.

Le Faël regarda le marchombre, du côté de la marchombre, celui-là était vraiment amoureux, comme pouvait-elle ne pas le remarquer ?
Une chose énervait Tiam, le Soufle se faisait passer pour un abruti pour sembler inoffensif, il s'approcha de l'eau, regardant Lamek dans les yeux.

- Quand toi te décider à ne plus te faire voir comme guignol, toi grand Soufle, elle pas voir que toi fort, comment toi vouloir l'approcher avec attitude là ? Pis, quand toi commencer à approcher elle. Toi pas boufon, moi savoir que toi pas n'importe qui.
Vrai Soufle est celui qui tué Chaos devant Rentaï, confiance tu dois avoir, même si pas eut greffe, pas grave, comme toi avait dit, toi toujours marchombre.

Il avait chuchoté, mais savait que la marchombre l'avait entendue, il se leva, retourant vers les cheveaux, là, au grand étonnement du marchombre, il mangea.

- Moi manger, alors toi redevenir puissant Soufle que tu étais, celui qui était oublié, redevient Dernier Soufle, pour moi, mais surtout pour elle.

Sur ce, après avoir finit le sifleur, le Faël s'allongea et dormit d'un oeil et d'une oreille, il ne voulait pas laisser son ami, celui là même qu'il ne voulait pas perdre.
Le marchombre regardait Tiam, pensant comme si ces paroles avaient réveillées, un ancien lui, ces mots et ce geste le travaillaient.

Mes mots de Tiam avaient touchés Lamek, mais le marchombre ne savait pas quoi faire...
Il se tourna vers Naorha, elle regardait l'horizon, cherchant sûrement à en percer le secret, ke jeune marchombre soupira, il avait été choqué par le soudain sourire enjôleur qu'elle lui avai adressé, il ne savait plus quoi penser.
Que faire ? Comment lui dire, lui montrer ?

Le Faël lui avait suggéré de changer de comportement, reprendre sa véritable nature, ne pas se cacher derrière un masque, redevenir le vrai Soufle qu'il avait été.
Le marchombre sortit de l'eau, allant vers sa monture où il prit quelques armes, puis il se dirigea vers le bois toujours torse nu, seul avec son âme soeur, le silence.
Là, il s'équipa et répéta ses mouvements, pour lui l'entraînement était mieux que la méditation, il pouvait mieux réflechir, son esprit se vidait.
Il s'exerça dans ses bottes, techniques que lui avait enseingné Kamil et qu'il avait perfectionné, cherchant toujours à faire le plus rapide, le plus coupant.

Il se souvenait, c'était quand il s'entraînait que Kamil l'avait vu, rapide, souple, mortel, c'était à ce moment que le marchombre le surnomma le Soufle.
Le jeune homme ne faisait plus attention au monde extérieur, il était dans son univers, il parcourait sa voie, la lame sifflait, légère comme le vent, se faisait porter jusqu'au point fatal, arrachant la vie. La marchombre ne l'avait jamais vu ainsi, et elle ne le verrait peut être jamais dans cet état, il se dépassait, cherchant à rattraper la jeune femme, elle était rapide, souple, mortelle.
Lamek s'arrêta un moment, voulait qu'elle le remarque, qu'elle puisse voir qui il était vraiment, un sourire se dessina sur ses lèvres, il s'était dit la même chose lors des épreuves du conseil, épreuves qu'il avait réussi sans aucun mal.
Le Soufle arrêta sa respiration, quelqu'un était derrière, mais cette présence n'était pas inconnue. Un parfum unique flottait, une atmosphère de calme s'était installée, depuis combien de temps ? Il ne l'avait sentit arriver, trop plonger dans son entraînement et ses pensées, depuis combien de temps Naorha étai-telle là, ç l'observer ?

Le jeune homme ne savait pas quoi faire, adopter une attitude de boufon ou de véritable marchombre. Il ferma les yeux, sentant le parfum l'enrouler, sentant le vent sur son ventre, une voix résonnait dans sa tête, livrant la réponse à cette question.
Marchombre, Marchombre, Marchombre

Cela lui suffisait, il savait quoi faire, l'homme se retourna, sérieux, il en avait assez de fuir, il leva les yeux, contemplant la marchombre qui l'observait. Là il attendit...

Le trio s'était arrêté pour se baigner. Schu-la ralentit son allure et descendit de la planche de bois qui lui servait de moyen de transport. A pas de loup, elle s'approcha juste assez pour les entendre et s'accroupit dans l'herbe. Elle les avait suivit depuis l'arrivée de la marchombre à la taverne. Quand on traque, on prend des risques. C'est ce qu'elle avait fait. Elle avait choisit la table juste derrière la Frontalière... Schu-la n'avait tout de même pas participé à l'attaque, trop risqué. Après tout, elle était recherchée par les forces impériales.
- Tombe, chuchota-t-elle.
Sa planche s'affaissa dans l'herbe et la jeune femme craint que les marchombres l'eut entendu. Non, ils continuèrent à se chamailler. Schuhida observa l'homme. Si vulnérable, le faire basculer de son côté serait si simple... Elle rigola et sortit un foulard pour cacher sa bouche. Son capuchon bien en place, elle s'avança doucement. D'un geste, elle vérifia son attirail. Elle sourit au toucher des couteaux de lancer, ses poisons, cordes, lames et, surtout, à ses ongles.
Sans le moindre bruit, elle approcha.
- Moi manger, alors toi redevenir puissant Souffle que tu étais, celui qui était oublié, redevient Dernier Soufle, pour moi, mais surtout pour elle.
Le Faël était intelligent. Si elle voulait attaquer, elle devrait attendre la nuit, ou les prendre séparément... Schu-la était à cinq mètre, tapit dans les herbes. Sa cible manquait. Pourtant elle l'avait vue à l'auberge en compagnie de la marchombre. Elle cracha comme un chat puis recula. Ils l'avaient entendu. Revenue à son point de départ, Schuhida attrapa une dague de son sac et des pointes qu'elle passa à sa main droite. Elle tenait sa dague à l'envers, de façon à blesser sans l'être.
Sans un bruit, elle les attendait. Elle partirait à la recherche de la Frontalière plus tard pour empocher la récompense. Mais son commenditaire ne dirait pas non à deux Marchombres et un Faël...

Le marchombre n'avait rien entendu, mais ce silence ne lui plaisait pas, aussi, il ne fît pas attention à la marchombre et retourna au camp, où il remit son haut tout en obervant son ami Faël, Tiam gardait toujours la boîte contre lui, cela allait lui servir un jour, il le savait.
Ensuite Lamek retourna à son ancien lieu d'entraîné, Naorha n'était plus là, sûrement retournée voir le Faël. Le soufle ferma les yeux, sa tête lui faisait de plus en plus mal, des chants Faël se faisaient parfois entendre dans son esprit, il avait envie de hurler.
Les mêmes paroles revenaient à chaque fois dans son esprit, toujours dans le même ordre.
Marchombre, Marchombre, Âme Obscure Corps de Ténèbre, Amour du jour Corps de Lumière, Marchombre, Marchombre.

- Âme Obscure, Corps de Ténèbre

A peine avait-il prononcé ces mots que la douleur augmenta, il tomba à terre, à genou, se tenant le crâne, la douleur était insuportable, quelque chose qui était encore enfoui remontait à la surface, la douleur augmenta encore, cette fois le marchombre hurla, il n'en pouvait plus. Soudain il tressailli, ses mains diminuaient en longueur, grossissantes pour obtenir l'apparence de pattes félines, son dos se recouvrait de fourure, il entendait sa machoire craqueler, ses canines augmentaient en volume, des crocs naissaient dans sa bouche, puis la douleur s'estompa, laissant le marchombre en paix.
L'homme regarda ce qui lui était arrivé, il n'était plus le même, ses vêtements avaient disparus, il regarda ses pattes et chercha à parler, il n'en sortit qu'un magnifique grognement.
Le corps dans lequel il était se trouvait être magnifique, il sentait les odeurs de la nature, des animaux, il reconnu celle du Faël et de la marchombre. Soudain sa bonne humeur s'arrêta, il sentait une nouvelle odeur, c'était un homme ou une femme, mais c'était inconnu, ils étaient donc observés, le tigre qu'il était fronça des yeux tout en retroussant ses babines, se mettant à grogner, il fallait prévenir les autres.
Âme Obscure, Corps de Ténèbre

Il pensa à ces mots, les prononçant dans son esprit, mais rien ne se produisit, était-il bloqué à jamais dans cette apparence, non il ne pensait, le majestueux tigre jaune aux rayures noires poussa un grognement de protestation.
Amour du jour, Corps de Lumière

A peine avait-il pronocé ces mots dans son esprit que son corps trembla, le tigre majestueux qu'il était devenu devînt peu à peu flou, puis disparu, laissant à sa place un marchombre perplexe par se qui venait de se passer.
Mais le temps n'était pas à la raison, il couru rejoindre ses amis pour les prévenir, cela dépendait de leur sécurité, de leur survie.

Ce fît lorsque Lamek arriva que Tiam le sentit, son ami venait de changer, il dégageait maintenant une aura de respect, de puissance, mais il ne savait pas pourquoi.
Le Faël et la marchombre furent informés de ce qui venait de se passer, apparement le marchombre ne voulait rien cacher à ses équipiers.
Le Chevreuil était perplexe, quelqu'un les suivait et ils ne s'étaient aperçus de rienn soudain la lumière se fît dans les l'esprit des trois compagnons

- Ce matin, l'herbe écrasée, c'était lui ou elle

Ils l'avaient dis en même temps, cette fois ils étaient sur la même longueur d'onde, mais il fallait faire attention, cet individu ne semblait pas être n'importe qui.

- Pourquoi pas faire tours de garde pendant nuit ? Lamek, toi surveiller car bon odorat, bonne ouïe, bon yeux maintenant, toi enfin redevenu Dernier Soufle qui a tué Mercenaire.

Le Faêl avait dit cela avec fierté, il trouvait son ami plus posé, plus calme et plus impressionnant, maintenant il ressemblait à un véritable marchombre, il avait cessé de faire le pitre, cette face de Thül avait enfin changé.

- Moi toujours avoir boîte avec tu sais quoi dedans, comme ça si a un des trois pouvoirs, il est comme Raïs tout cuit.

Sur ce, il se retourna et commença à préparer le chevreuil chassé par Naorha, il aimait bien cette atmosphère entre eux, les deux marchombres semblaient un peu mieux s'entendre, quand à lui et le Soufle, ils étaient toujours aussi soûdés, comme les doigts de ma main, mais peut être que la jeune femme finirait pas se joindre à ce duo, cela ne dépendait que d'elle.
Le repas fût prit au coucher du soleil, là tout le monde se coucha sauf Lamek qui estait debout, un oeil sur la marchombre. Il veillait faisant apparement connaissance avec ses nouvelles capacités, il protégeait ses amis de l'obscurié.
Le Faël ne l'entandit parler qu'une fois avant de s'endormir

- Âme Obscure, Corps de Ténèbre

L'impossible se produisit, clouant Schuhida sur place. Le marchombre devenait... animal. Il dégageait une odeur différente, de félin. Durant une poignée de secondes, il devint tigre. Schu-la fut glacée d'effroi à la vue de cette bête, bien qu'elle fut plus petite que ceux des prairies. Il redevint humain et ouvrit grand les yeux, scrutant le lieu où la jeune femme se tenait. Celle-ci poussa un fin sifflement d'exaspération. Son plan allait devoir être modifié.

Dans le silence, elle rangea ses armes pendant qu'ils s'affairaient autour d'un chevreuil. Quelque chose lui nouait les entrailles et Schu-la sourit en découvrant que c'était la peur : ses meilleurs assassinas avaient eut lieu la peut au ventre. Elle avait tout rangé et était prête à partir. Mais, l'adrénaline l'excitait, elle allait rester de nuit et voir.

Puis, décidant qu'elle devrait être armée, elle sortit de son sac quatre bout de fer d'environ un mètre qu'elle assembla en une lance. Elle accrocha une pointe à chaque bout puis passa avec soin un poison dessus. S'ils se blessaient, ils ne dépasseront pas une semaine. Sauf si les rêveurs s'en mêle, pensa-t-elle avec colère. Pour plus de sécurité, elle attrapa une fiole d'acide. Malheureusement, cette arme, extrêmement rare -donc chère, ne pourrait, à la limite que dissoudre une lame ou un doigt ou une armure, rien de vraiment gênant... Et il y en avait assez que pour une personne.

Elle soupira et la plaça dans sa ceinture. Coincée là, personne ne pourrait la voir. Elle huma l'air et constata qu'ils étaient entrain de manger, soucieux. Schu-la s'approcha et s'immobilisa dans les hautes herbes, invisible. Le repas prit fin et deux des cibles, la marchombre, Naorha ou quelque chose dans le genre et le Faël se couchèrent. L'homme-tigre montait la garde. L'assassine grogna. Ce matin, il aurait été simple de l'éliminer, mais là... Trop dangereux. Elle sourit, les mettre en panique serait simple...
- Tombe, murmura-t-elle.

Sa voix cruelle, semblable à ses traits de loup, fut masquée par le fracas d'un arbre qui s'écrasait au sol. Il était à cinq-six mètre, impossible de les blesser, mais à la bonne distance pour leur flanquer la frousse. Il était si divertissant de voir leur visages affolés scruter l'ombre. Un sourire dansa sur ses lèvres, jouer avec eux était rafraîchissant.
- Eteint, dit-elle encore plus bas, allume.

Leur feu s'éteint puis se ralluma, les aveuglant très rapidement. Entre temps, Schuhida avait empoigné un arc. Elle visa un sac et tira. La flèche traversa l'air en un sifflement parfaitement inaudible et se ficha à l'endroit exactement voulu. La jeune femme sourit à la vue de leurs visages et les regarda lire le mot qu'elle avait accroché à son projectile.

Mot sur la flèche a écrit:

Je serais votre ombre. Partout où vous irez, j'irais. Je serais caché(e?) et vous surveillerais sans aucun relâchement de mon attention, n'y comptez pas. Je serais votre cauchemar, mais vous n'êtes pas ma cible. Essayez de la prévenir, si l'envie vous prend, vous la connaissez, après tout, le seigneur des marches du Nord est célèbre...

La marchombre et le Faêl étaient térrifiés, mais le tigre émit un fin grognement de plaisir, l'erreur qu'il attendait était enfin apparue, le félin fît sa petite toilette ne faisant pas attention aux remarques de ses compagnons, finalement cette apparence était pratique.
Une fois sa toilette finie, l'animal se leva, avançant gaiement vers la flèche lancée, là il humant le parfum de l'ombre, l'ancrant dans sa mémoire.
Amour du jour, Corps de Lumière

Le félin se brouilla, laissant place au Soufle, le sourire aux lèvres, il avait une petite idée de ce qui se passait. Son cerveau tournait à mille à l'heure, cherchant la bonne solution qui revenait à plusieur reprise, rester groupé et rester sous la forme de Tigre, ainsi il sentirait sa présence.
Le marchombre rangea ses affaires, prenant son temps, mais pressant le Tiam, tout en le calmant, il voulait en savoir plus, ses semaines à écouter les conversations lui avaient servies, il pensait savoir qui était leur poursuivant, mais préferait s'en assurer.

- Calmes toi Faël de malheur, ce n'est qu'un maraudeur, la flèche de l'Ombreuse avait raison ce matin, pas de quoi s'affoler.

Il avai dit cela en plaisantant, curieusement un instinct de prédateur le guidait, lui donnant comme des instructions, il savait quoi faire, adieu le marchombre ridicule bonjour le prédateur qui venait de naître.

- Et puis nous avons déja tué un ou deux mercenaires même si ils se font rare, d'ailleur le Soufle est mort, le Dernier Soufle vient de renaître.

Sur ce il mit son sac sur son destrier, gardant toujours ses armes et disparu, laissant un félin prendre la suite des opérations, le groupe se mit en marche dans la nuit, en direction de l'horizon. Lamek lui s'était discrètement retiré, l'ombre ne l'avait pas vu, ça il en était certain, il suivit sa trace odorante, flairant l'air et le vent, utilisant son ouïe et prenant en compte la trajectoire de la flèche. Cette métamorphose l'avait changé à jamais, il était plus puissant que jamais, n'écartant aucune possibilité, la proie était focalisée sur les trois chevaux,le prédateur s'approchait de son objectif dans son élément, le silence et la pénombre comme le disait son instinct prédateur enfin réveillé.
Âme Obscure, Corps de Ténèbre

Le traqueur les avait destabilisé, il allait en faire de même, jouant à son propre jeu, autour de lui, la nature faisait ce qu'il voulait, les proies s'enfuiaient dans toutes les directions, ne laissant aucun indice de sa position au mercenaire homme ou femme.

Les chevaux avançaient rapidement dans l'obscurité, l'air était frais, le ciel étoilé, mais un silence de mort règnait. Cela allait bientôt faire une heure, le Faël n'aimait pas ça, le marchombre avait été imprudant, foncer ainsi dans le piège, à la rencontre du mercenaire, le jeune se tourna, regardant l'horizon, cherchant désespérément son ami du regard, il ne voulait pas le perdre, pas lui. Le garçon se retourna, regardant la marchombre, elle était concentrée vérifiant frénétiquement ses armes, comme Lamek avant.
" Tu ne devrais pas... C'est la nervosité qui fait les erreurs... "

C'était les paroles qu'elle avait livrée à son ami, lui lançant un sourir enjôleur, mais c'était peut être leur dernière conversation, non il ne devait pas penser ça, son ami était fort, il réussirait.
Il continua d'observer la marchombre, elle semblait ignorer ce qui se passait, mais le Faël sentait des sentiments qu'il avait déja vu chez quelqu'un, elle s'en voulait apparement de les avoir embarqués là-dedans, et curieusement elle semblait ne pas vouloir perdre Lamek.

- Toi toujours pas compris ce que Soufle éprouvait ? Pourquoi cela si simple, mais aussi complexe, il ...

Le Faël ne finit pas sa phrase, elle devait le dire elle même, pouvoir l'accepter, car apparement elle rejetait cette évidence. Le bruit des galots résonnaient dans le silence, la respiration des montures était bruyante, dissimulant une partie de la peur des deux individus.

- Par la Flèche, reviens vivant, je t'en suppli

Il avait chuchoté ces mots, pensant que le destin entende ces paroles, le mercenaire n'avait pas vue Lamek sortie du groupe, mais elle pouvait le tuer, ce bonhomme n'était pas invinsible, même si il se posait la question parfois. Sa monture cabra, essayant de le sortir de sa tristesse, il ne voulait pas perdre son ami, pas aujourd'hui, jamais...

Lamek avançait prudement, l'odeur inconnue se faisait de plus en forte, d'autre parfum commencèrent à surgir, et cela n'annonçait rien de bon.
Une seule chose réconfortait le marchombre, ses amis serait à Al-Jeit dans deux ou trois heures, la mercenaire, puisqu'il avait finit par savoir que c'était une femme selon l'odeur, n'avait pas poursuivie le groupe. Elle avait sentie sa présence, il avait réussi à la désorienté mais durant un petit lapse de temps.

Le félin sortit ses griffes, il ne voulait pas combattre, juste parler, essayer de comprendre pourquoi elle les chassait, pourquoi eux. Mais même si son objectif n'était pas le combat, son instinct animal lui criait prudence, tandis que son instinct humain lui crait de fuir.
La bête se coucha, elle était là mais ne l'avait pas encore vu, elle bien armée, une lance à la main qui dégageait une odeur mortelle, des lames et plein d'autres.
Il regarda autour, aucun moyen de transport, comment était-elle venue, à pied ? Impossible, à moins que...
" Quand quelque chose te semble impossible, alors fais attention, il y a du dessin sous ce mystère, cela marche à chaque fois. "

Il y avait deux types de dessin, le dessin tout simplement, et le type des rêveurs.
Le tigre s'arrêta... non trois...
Il pensait avoir trouvé, mais pour cela il devait le vérifier, le marchombre émit un grognement puis se leva, de ses yeux perçants il fixait la mercenaire, lui faisant comprendre qu'il ne lui voulait pas de mal.
Amour du Jour, Corps de Lumière

Le félin se dissipa peu à peu, laissant un homme au regard déterminé, sabre au dos, poignard aux hanches et plusieurs autres armes, tout son être criait marchombre, tout son être criait son âme sauvage, son apparence et sa mentalité refétaient son surnom d'Al-Jeit, le Soufle, le Dernier Soufle, le tueur de Mentaï aux crocs de sabre. le silence régnait, une atmosphère glaciale s'était installée...

Femme de grande taille, environ 1 mètre 80, la peau albâtre, de fins cheveux bruns, roux foncés, le visage fin d'une grande beauté, visage couvert de caractères celtiques. Elle dégageait une aura de ténèbre, assez sauvage.
La mercenaire le regardait, l'air suprise, cela ne l'étonnait pas, ce n'était pas tous les jours qu'on pouvait voir un métamorphe, son regard le perçait, cherchant tous points faibles chez le marchombre. Il dégageait une puissante aura animal, sauvage, bestiale, ne laissant paraître aucune faiblesse, il avait confiance en lui, respirant doucement, naturellement.

- Qui es-tu ? Pourquoi nous poursuis-tu ? Je suis le Soufle, que nous veux-tu ?

Il avait parlé avec un ton rude, il n'aimait pas les surprises, et pourtant cette femme pouvait lui en donner, mais il avait plus d'un tour dans son sac.
Il toucha du bout du doigt ses fines lames fixées à sa hanche, bizarement il aimait ce contact frois, métallique, tranchant, cela le rassurait.
Il était près à toutes éventualitées, son esprit analysait chaque seconde, analysant son adversaire, cherchant les petites ouvertures, elle semblait maintenant sûr d'elle.
Le marchombre ne bougea pas, se mettant en garde, il ne faisait pas confiance à cette femme, son esprit était prêt, une seule phrase et tout commençait.

Le tigre approchait. Schuhida grogna et sa mit en position offensive, tout en restant sur ses gardes. La jeune femme fit passer son sac dans son dos et recula vers sa planche. Le reste du groupe s'enfuyait à cheval, la laissant seule face à l'homme-tigre. Elle sourit et sortit une corde. La bête se coucha dans les fourrés se masquant à sa vue.
Le marchombre émit un grognement puis se leva, de ses yeux perçants fixés sur Schuhida, lui faisant comprendre qu'il ne lui voulait pas de mal. La jeune femme opta alors pour une position défensive. Elle sourit à l'idée qu'il ne pouvait voir la corde.
Le félin se dissipa peu à peu, laissant un homme au regard déterminé, sabre au dos, poignard aux hanches et plusieurs autres armes. Le silence régnait, une atmosphère glaciale s'était installée. Schu-la ne fit aucuns mouvement, attendant un faux mouvement de son adversaire, imitant à la perfection un air surprit. Celui-ci la détailla puis lui demanda d'une vois rude, montrant bien son dégoût pour les surprises, ce qui amusa Schuhida.
- Qui es-tu ? Pourquoi nous poursuis-tu ? Je suis le Soufle, que nous veux-tu ?
Il toucha du bout du doigt ses fines lames fixées à sa hanche et la jeune femme détailla son armement. Elle afficha l'air de suffisance que les assassins ont toujours avant de mourir, mais en secret analysait son comportement, ses armes, son attitude. Le marchombre ne bougea pas, se mettant en garde. Il ne faisait pas confiance à cette femme. Elle sourit et baissa sa garde, comme pour le mettre au défi de l'attaquer.
- Je n'aime pas le tutoiement. Cela me rappelle mon enfance.
Elle avait parlé avec une douceur qu'on ne lui prêtait pas. Ses paroles surprirent le marchombre, qui relâcha son attention une poignée de seconde. Cela était suffisamment. Les traits cruels de la jeune femme se tordirent en un rictus méprisant et machiavélique.
- Oublie.
Le regard de l'homme se fit vitreux pendant que son pouvoir effaçait les deux dernières heures qui venait de se dérouler. Avant qu'il ne puisse voir de nouveau, elle cracha.
- Dors.
Le corps du Souffle s'affaissa lentement. Schu-la attrapa la corde et la passa à la taille du marchombre. Elle fit un solide noeux et accrocha l'autre extrémité à sa ceinture. De la main droite, elle testa la sécurité de la corde, puis rangea sa lance, préférant une épée de son monde. Après hésitation, elle sortit un sabre. L'épée pourrait la trahir.
- Vole.
Sa planche se souleva dans les airs et se stabilisa à un mètre. Schuhida attrapa son prisonnier dans ses bras et prit de l'élan. Un poids différent fit tressauter la planche, mais elle garda sa hauteur. Schu-la allongea l'homme et trouva de la place pour ses pieds. Elle vérifia une dernière fois son matériel et dit doucement.
- Avance ! Vite.
La surcharge manqua de la déséquilibrer, mais très vite, ses réflexes s'adaptèrent, trouvant les bons points d'appuis pour ne pas glisser et se mettre en danger, ainsi que son "hôte".
La jeune femme décida de faire un détour pour ne pas croiser le Faël et Naorha, se guidant aux étoiles. Enfin, les lumières de la ville se firent visibles. Schu-la ne ralentit pas et descendit abruptement le long d'une tour. Ils étaient arrivés...

[Fini pour moi et Lamek. Lamek, j'ouvre un post à Al-Jeit pour te répondre à toutes tes questions turlupines (et aussi pour que tes amis viennent te sauver ). Tu as vue comment je te traite bien, pour un otage ? XD]

Naorha était sortie de l'eau peu après Lamek. Elle ne savait pourquoi mais sentait une présence. Une présence étrange, comme si elle n'était pas de ce monde... Et en même temps, ici, à les épier. Elle se sécha avant de se rhabiller, observant l'ombre mouvante des arbres. Lamek, un peu plus loin, s'entrainait, vif, fluide, mortel. Elle arrêta ses gestes pour le contempler en silence dans le couvert des feuillages. Chaque coup dans l'air retrouvait l'écho d'un battement de cœur, un battement qui voyait enfin le vrai Lamek Sakio. Cette vision d'ombre et de lumière mêlée dans une danse aussi dangereuse que magnifique lui faisait oublier les autres merveilles qu'elle avait pu voir en sa vie qui lui semblait bien longue pour une simple mortelle, alors qu'elle n'en était qu'à l'aube. La flèche de l'Ombreuse était une solitaire, cela était connu en Gwendalavir. Pourtant, c'était celle-là même qui avait proposé à deux personnes de l'accompagner, deux personnes qu'elle ne connaissait pas. Une chose bien étrange, mais ainsi était faite la voie qu'elle suivait : murmures et détours, conseils et mensonges pour qu'enfin, elle suive la lumière que lui avait montré Parn...
A un moment; le marchombre s'arrêta pour la regarder. Elle le sentait déstabilisé par sa présence mais elle, elle n'aspirait qu'à ce qu'il soit lui, pas un autre. Et il sembla le comprendre. Le calme l'habitait, comme une seconde nature dans son corps d'homme. Elle resta un instant à le contempler un peu avant qu'il ne parte sans lui adresser un regard. Elle ne s'en formalisa pas. L'indifférence était parfois mieux que l'attention quand la situation s'y prêtait... Elle disparu à son tour dans les broussailles, observant le ciel qui se chargeait de nuages aux lueurs pourpres et dorées. L'image d'Eirik lui revint en mémoire, plus nette que jamais, si réelle qu'il lui sembla qu'il aurait suffit de tendre la main pour effleurer son front, sa joue, ses lèvres... Elle secoua la tête pour chasser ce songe de son esprit. La mélancolie ne l'aiderait sans doute pas, même si la direction qu'elle prenait, le Nord, était celle du Poll... Elle s'assit sur le sol, passant ses mains sur l'herbe, avant de s'immerger dans les bruits de la nature...
Un mouvement. Un peu plus loin. Le craquement d'une branche. Le battement de son cœur...
Naorha s'était redressée, arc en main, sortant une flèche de son carquois.
Battement de cœur. Image de mort. Il est tout près...
La flèche transperça le cœur du chevreuil dont le petit corps s'écrasa sur le sol. Naorha n'avait plus qu'à le ramasser avant de revenir au camps. Lamek était là, ainsi que Tiam. Le marchombre leur annonça alors qu'il avait remarqué les traces d'une présence humaine dans le coin. Ainsi donc, c'était elle qui les épiait...
Ils mangèrent, mais Naorha ne se sentait pas tranquille. Vraiment pas tranquille... Elle se coucha néanmoins, mais à nouveau, la présence étrange se fit ressentir. Elle tenta de se sonder, essaya de comprendre avant qu'une porte intérieure ne s'ouvre. Les Spires l'accueillaient à nouveau. Comme toujours, c'était immense, plein de possibilités... Un ordre jaillit du silence, faisant trembler les chemins par sa puissance. Une voix pleine de cruauté de mépris, une flèche de volonté qui transperçait tout...
-Allume !
Une troisième flèche de volonté inébranlable et destructrice qui rasait les beautés des Spires...
Et une flèche qui siffla pour se planter dans l'écorce d'un arbre. Naorha bondit en tirant sa lame, fixant le trait encore vibrant. Un tigre était à côté. Un tigre qui ronronna de plaisir. Lamek. Le marchombre réapparu avec son assurance tranquille où naissait l'instinct du prédateur. Naorha préférait plutôt le silence alors que ses doigts effleuraient le message. Lamek voulu partir en éclaireur devant mais elle préféra d'abord lui attraper le bras d'une main ferme. Elle avait peu parlé, mais les perspectives s'imposaient.
-J'ai sentis les Spires trembler. Une volonté qui ébranle tout s'y était introduit. Celui qui nous en veut connait les choses du dessin...
Suite à ces informations, elle approcha son visage un peu plus de celui du marchombre, serrant son bras.
-Soit prudent.
Elle l'abandonna pour sa monture alors que l'homme laissait sa place au félin. Un sentiment de perte l'envahissait pour elle ne savait quelle raison. L'intuition féminine aurait sans doute dit son père. Là, le sentiment se fit plus lourd, plus oppressant. Son père... Des années qu'elle n'y avait pas pensé. Pourtant, son visage, son visage rieur et assuré, semblable à celui d'Eirik, se formait au fond de sa mémoire. Sa voix forte, si différente de celle de son épouse, qui résonnait dans sa mémoire. Sa mère... Des traits doux, fins, un sourire apaisant qui semblait venir des cieux. Et sa voix... Caressante, enveloppant ceux qui l'écoutaient d'un cocon protecteur. Cette même voix qui lui avait hurlé de s'enfuir, de la laisser mourir pour qu'elle, elle, leur étoile comme ils aimaient dire, puisse vivre... Une étoile... Elle s'était bien éloignée de ce nom. Elle était devenue la Flèche de l'Ombreuse, l'Ombre des Forêts, un être fait de solitude, de tristesse. Un fantôme qui n'avait aucune véritable attache avec le monde terrestre. Quelqu'un d'aussi terne que les nuages, un jour de pluie. Pas une étoile qui guidait les voyageurs de sa lumière. Juste une pauvre âme...
Elle sentit à nouveau les flèches de volontés qui perçaient les Spires comme des lames sans pitié. Elle sauta d'Ulia, tirant ses lames mais quand elle arriva, elle se rendit compte qu'elle était tard. Trop tard. Lamek n'était plus ici. Des pas avaient écrasés l'herbe. Les mêmes qu'au matin... Elle comprit. Le sentiment de perte s'empara d'elle à nouveau, mais cette fois, elle ne se lamenta pas. Elle n'avait pas le temps.
-Tiam, à cheval ! Ordonna t-elle au Faël en bondissant sur Ulia. Vers Al-Jeit, au triple galop !
Elle talonna sa monture qui partit suivre les traces qu'elle avait repéré dans l'herbe. Le ravisseur avait une bonne avance apparemment... Mais qu'importe. Elle sauverait Lamek avec l'aide de Tiam, si l'avenir le voulait bien. Et si il se révélait doué comme elle le pensait en ce qui concernait le maniement de l'arc, le Faël mériterait un autre surnom que le Chevreuil...
-Dépêche-toi Tiam ! Il en va de la survie de Lamek !

[Fin pour moi, je vais reprendre à Al-Jeit]