"Le rat d'égout lubrique". L'écurie est calme, enfin un moment de détente...

Lamek rentra dans l'écurie, un plat de sifleur presque froid à la main, Tiam était assis, les yeux fermés, méditant. Le jeune marchombre regarda son ami, un fin sourire au coin des lèvres, lui, la méditation , ce n'était pas son point fort. Le jeune homme posa le plat face à son camarade, doucement...

Il se retourna, contemplant les cheveaux présents dans la pièce, il y en avait de toutes les couleurs, noirs, blancs, beiges, marrons, enfin il se tourna vers le sien, un bel étalon noir à la crinière blanche, des yeux noisettes.
Ce cheval le suivait depuis sa première rencontre avec le Conseil, son Maître Kamil le lui avait offert pour "fêter" l'événement. Le marchombre s'approcha et brossa sa monture de la main, l'animal était calme...
Lamek regarda la quantité d'eau et de foin à disposition pour l'animal, il y en avait assez pour la nuit, le Faël l'avait sûrement approvisionné. Le jeune homme se mit à carresser son cheval tout en regardant son ami, son protégé, ce petit le suivait depuis sa fin d'apprentissage en temps que marchombre, un vrai pot de colle, il l'avait rencontré dans un village Faël, en grimpant aux aiguilles.
"Le Soufle" se tourna, tendant l'oreille, le bruit de la Taverne s'entendait d'ici, un petit pincement se fit sentir dans la poitrine du marchombre.

- Elle ... pourquoi je ne l'oubli pas ?

Il chuchota ces mots avec tristesse, d'une voix mystérieuse, douce...
L'image d'une femme restait dans sa mémoire et plus profondément encore, il ne comprenait pas, le pourquoi du comment.
La marchombre l'avait marqué certe, il était jaloux d'elle, mais un autre sentiment suivait, et il ne savait pas ce que c'était et cela l'aggaçait. Il l'avait remarquée dès le premier instant, tous l'avaient regardées, souple, agile, rapide, gracieuse.D'habitude le jeune homme ne s'interressait pas aux femmes, il avait eu une ou deux aventures, mais rien d'autre.

Lamel se retourna vers le Faël qui ne bougeait pas, allait-il refuser cette nourriture de nouveau ? Le jeune homme ne mangeait que ce qu'il chassait, rien d'autre, mais peut être qu'il y aurait une exception.
Le marchombre ferma les yeux, sentant l'odeur de la paille fraiche, sentant le soufle du vent sur sa joue, il les ouvrit puis se coucha sur le sol mouelleux et frais, il réflechissait, se tirant le lobe de l'oreille, où aller ? Cette question résonnait dans sa tête, il l'avait l'éloignée, mais elle revenait sans cesse, comme si le destin attendait son choix pour enfin décider de son avenir.
Al-Jeit ou la Montagne de l'Est ? Tu dois trouver...

L'ancien apprenti regarda les poutres du plafond de l'écurie, essayant d'y voir le ciel étoilé, cherchant la réponse au fond de lui même, le destin, il n'y croyait pas, ce n'était que le hasard, il le pensait, il en était presque certain. Puis sans savoir pourquoi, il se mit à chuchoter.

- Deux yeux, Qui te fixent, Azur, Au fond d'eux, Une ombre sauvage, Un futur carnage, Le tien, Elle dégaine lentement, Son mouvement détient la fluidité de l'eau qui coule, Un regard lazuli, Ton cœur s'arrête

Ce poème marchombre qu'il venait de prononcer, il essayait lui même de le comprendre, il ne savait pas où il en était, cherchant sa Voie, cherchant les réponses à ses questions.
Etait-ce ces questions qui le gardaient loin d'elle, il pouvait pas bien avancer à cause de cela ? Oui ? Non ?
" Tu es "Le Souffle", non ? Avait-elle dit. On parle de toi à Al-Jeit... A ce que je vois, nous avons le même age, pourtant, elle t'est éloignée... Tu ne progresse que peu... Mais après tout, ton entrainement est terminé depuis peu... Moi, cela fait six ans.

Ces mots... Elle avait raison, elle cela faisait six ans, lui presque un ans, mais il avait l'impression de patauger, de rester sur place.
Le marchombre ferma les yeux, respirant au maximum, il devait oublier, il le devait, mais si il arrivait qu'il la recroise, il savait alors qu'elle resterait alors encrée dans sa mémoire, et peut être dans son coeur.

- Deux yeux, Qui te fixent, Azur, Au fond d'eux, Une ombre sauvage, Un futur carnage, Le tien, Elle dégaine lentement, Son mouvement détient la fluidité de l'eau qui coule, Un regard lazuli, Ton cœur s'arrête

Qu'a donc son ami pour dire une telle chose, et pourquoi des mots dans cet ordre, pour le Faël, parler à haute voix, seul, signifiait qu'on était fou.
Tiam ouvrit les yeux, sortant de sa méditation, il n'avait pas la paix intérieur, mais ça lui permettait de rester calme, posé. Il vît en face de lui, une assiette de sifleur, et froide en plus, le marchombre qu'il accompagnait avait payer ce repas pour rien, il ne mangerait pas de cette nourriture. Le garçon regarda à nouveau son ami, il semblait triste, mélancolique, comme si une personne lui manquait ou le perturbait.
Son père ? Non pas, papa au "Soufle" est marchombre et toujours en vie.
Sa mère ? Non, maman est à maison, attendant de pouvoir le revoir
Une personne de ici alors...

Le Faël avait bien vu une femme accompagnant un cheval magnifique, elle avait un sabre dans le dos, elle était mignone mais son ami ne se serait pas interressé à elle.
Il y avait eu une marchombre, elle aussi était belle, il était possible que cette femmes souple et agile plaise au "Soufle". Mais cette femme lui rappelait quelqu'un, il pensait l'avoir vue quelque part, dans la forêt, non, elle ne pouvait pas être "l'Ombre des forêts", cette femme est juste une légende de son peuple.
Le garçon se leva, arc à la main, s'approchant de son ami, se penchant comme pour deviner ce qui n'allait pas, il n'aimait pas voir le jeune marchombre dans cet état.

- Eh "Soufle", quoi toi avoir ? Triste ? Mé.. mélancolique ? Ou... amoureux peut être ?

Ces derniers mots, il les avait dit le sourire aux lèvres, le fait que ce marchombre solitaire soit amoureux l'enchantait au plus haut point. Mais Lamek ne répondait pas, perdu dans ses pensées, cela ne l'empêchait pas pour autant de faire apparaitre un petit et fin sourire, ce sourire fit entrer le jeune Faël dans une cascade de rire.

- Moi pas croire ça. Dit-il en rigolant. "Le Soufle", marchombre connu à Al-Jeit pour style de combat rien qu'à lui, et connu aussi par sa solitude, marchombre là, toi est amoureux !
Non peux pas croire ça moi, impossible, ou alors vraiment belle fille. Car beaucoup filles veulent toi à Al-Jeit, ou Pays Faël, mais toi toujours refusé.

Le Faël n'en pouvait plus de rire, son ami était une vrai face de Thül, pas moyen pour lui d'être un homme normal, il cherchait la liberté, ne voulait pas s'accrocher, et pourtant ce qu'il redoutait semblait être arrivé.

- Tu sais quoi ? Moi penser que toi être vraiment fou, comme quand toi t'être attanqué à ...
Tiam regarda autour de lui, redoutant d'être entendu. Quand toi t'être attaqué à Mentaï.

Ces mots, il les avait chuchotés, personne ne savait que lui, jeune marchombre avait tué un mercenaire, le Faël redoutait des représsailles, mais son ami semblait ignorer ses avertissements. Tiam se releva et ouvrit la porte de l'écurie, allant chasser, il lança un dernier regard à son ami, puis s'enfonça dans la pénombre.

-Tu te souviens de ses traits, Ulia ?
La jument cligna de l'œil devant le beau visage de Naorha qui la pansait avec affection. La lune brillait dans le ciel étoilé, illuminant la marchombre qui fermait les yeux avec un air mélancolique. Elle se souvenait bien d'Eirik, de son air fraternel, un peu moqueur parfois, mais toujours ancré dans la bonté. Elle se souvenait du baiser qu'ils avaient échangés avant qu'ils ne se quittent pour toujours, avant qu'elle ne se rende compte que sa nature leur assurait un amour impossible avec le Thül... La Voie des marchombres acceptait-elle qu'elle s'enchaine à un homme ? Peut-être... Mais peut-être pas à celui-ci...
-Oublie le, Naorha, souffla t-elle en caressant les crins de sa jument. Oublie le et refais ta vie, refais ta voie... Tu t'en trouveras sans doute un autre qui t'apportera le bonheur...
Elle passa la main sur le museau de sa monture puis remarqua une ombre furtive. Une ombre agile qui passa devant elle. Elle s'approcha et vit alors des traits fins et beaux, des grands yeux marrons doués d'intelligence et une longue chevelure qui brillait à la lueur de la lune. A ses yeux, l'ombre était une apparition divine. Et elle semblait sortir des écuries... Elle attrapa la bride d'Ulia pour s'approcher des battants de bois. A l'intérieur elle reconnu le jeune marchombre qu'elle avait traité avec un certain mépris...
-Alors c'est là que tu te cachais... C'est ton ami dehors ? Un Faël, non ?
Elle ne dit pas bien sûr ce qu'elle avait pensé de sa belle apparence de sauvageon, mais esquissa un sourire en s'asseyant dans le foin à côté du Souffle.
-Mon vrai nom, c'est Naorha Yel'Aëlva, se présenta t-elle. Je suis l'ancienne élève de Parn Erlah, celui qu'on appelle aussi la Lame du Vent... Tu as du en entendre parler...
Elle discutait tranquillement, sans se soucier de ce que pouvait ressentir le marchombre à côté d'elle. Elle ne savait pas sentir les émotions des personnes comme pouvaient le faire les Faëls...

Lamek écoutait, les yeux fermés, il n'osait pas parler, son coeur battait la chamade, il l'aurait écoutée toute la nuit si il le fallait. Son parfum était un délice, ses cheveux étaient cascades, comment ne pas faire attention à elle.
M'a t-elle entendue ? A t'elle entendue ma poèsie ? Non, je l'avais chuchotée...

Pourtant le fait de l'avoir chuchoté ne rassurait pas le marchombre, il était anxieux, elle était à côté de lui, un jeune marchombre, il était avec "La Flèche de l'Ombreuse".
Tous disaient que sa beauté était redoutable, mais Lamek ne le croyait pas, ce n'était que maintenant qu'il voyait que c'était la vérité.

- Oui, il est avec moi, et ce depuis le Rentaï. Depuis ce lieu, il ne veut plus me quitter, il n'arrête pas de répéter que c'est le destin qui nous a fait nous rencontrer.
Il se vante parfois auprès des gens en disant qu'il est ami avec le Soufle de Al-Jeit, il dit que je devrais me trouver une femme avec une grande aisance et patati patata.
A force d'être ensemble nous sommes comme des frères.

Le jeune marchombre avait laissé ces paroles sortir d'elles même, il voulait pas cacher quoi que ce soit, il n'avait rien craindre. Il ouvrit les yeux et regarda la main de Naorha pendant quelques minutes, silencieux. Elle avait eut la greffe elle au moins, lui n'en avait pas apparement été digne, il ne savait pas pourquoi, pourtant il se sentait différent depuis...

- Excuse moi, je ne me suis pas présenté, je suis Lamek Sakio, mon maïtre était Kamil Ya' El, aussi surnommé "Le Dernier Soufle", et le Faël à qui tu as l'air de t'interresser, il s'appelle Tiam.

Un fin sourire se dessina sur ses lèvres, Tiam en avait de la chance...
Le marchombre se leva, posant sa selle sur son destrier, demain ils partiraient à l'aube, il prit une sorte de sac de couchage et le posa dans la paille humide, ensuite il commença à enlever son haut mais s'y reprit, il n'aimait pas se montrer à qui que ce soit, son corps était sa mémoire, chaque cicatrice sur son torse avait une histoire.
Il se coucha, prenant son sac en guise d'oreiller et regarda la marchombre, elle attendait le Faël, ça il l'avait deviné, d'ailleur il n'allait pas tarder, rester seul dans la nuit était dangereux, même pour ce petit bonhomme.

- Tu nous as entendu discuter je suppose ?

Ces paroles il les avait prononcées avec douceur, la marchombre attendait quelque chose, et Lamek voulait savoir quoi. En attendant, il contemplait discrètement la beauté de la jeune femme, cherchant à percer ses secrets, même si cela était peine perdue.

Cela faisait bientôt une heure que Tiam était parti, il avait parcouru quelques mètres, cherchant de quoi manger, mais n'avait rien trouvé.
Il arriva jusqu'à la porte de la grange, où il s'arêta d'ailleur, il voulait rester dehors, l'air était frais et doux, ses cheveux volaient au vent, Lamek était avec la marchombre, il les entendait discuter, mais ne comprenait pas ce qu'ils disaient.

Le Faël se décida à rentrer, il passa son arc au dos et se tourna vers sa jument, animal blanc aux tâches marrons, la crinière châtain, il carressa le dos de la bête, ne faisant pas attention aux deux individus, il était seul avec sa monture, dans un autre univers, c'était comme si il lui parlait, enfin il se tourna vers Tonnerre, le destrier de son ami et s'aperçu que la selle était montée, il en fît autant. Les deux amis n'avaient pas besoin de se parler, ils se comprenaient, le Faël avait deviné que le marchombre souhaitait partir demain à l'aube, pour galoper au soleil levant. Une fois le destrier équipé il s'assit en tailleur, pensif.

- Alors c'est elle la femme belle dont tu as parlé à moi ? Tu avais pas tort...

Tiam pouffa de rire, il aimait mettre son "frère" dans des situations embarrassantes, cela lui plaisait, à chaque fois le marchombre rougissait, s'énervait ou s'eclipsait.
Tout cela en sortant sa phrase favorite : "Tu vas arrêter de dire des bétises Le Chevreuil"
Le Faël se tourna vers son assiette de Sifleur, allait-il en manger ? Il regarda l'assiette d'un air dégoûté, jamais il ne mangerais de ça.

- Alors où nous aller ? Al-Jeit ? Pays Faël ? Montagne de l'Est ?

Le jeune homme se tourna vers la marchombre, elle semblait triste, elle avait perdue un être chère récement, il n'était pas mort, juste parti. Il la scruta de ses yeux marrons, lisant les sentiments de la marchombre, puis il se tourna vers son ami d'un air désolé.
Il se retourna vers la femme, cherchant ce qu'elle voulait, mais il n'arrivait pas à savoir.

- Et toi ? Où toi aller ?

Ces paroles se perdirent dans la nuit étoilé, attendant la réponse, qu'avait choisi le destin de Lamek, cet homme qui changeait peut à peu depuis son passage au Pays Faël, une force semblait agir en lui, l'amour, la haine, ou autre chose, le Faël n'arrivait pas à savoir, mais il pensait savoir une choses, ils devaient suivre cette femme, mais cela ne dépendait que Lamk et de Naorha... ou plutôt, cela dépendait du destin.
Puis sans y faire attention, il prononça la langue marchombre.

- Deux yeux, Qui te fixent, Azur, Au fond d'eux, Une ombre sauvage, Un futur carnage, Le tien, Elle dégaine lentement, Son mouvement détient la fluidité de l'eau qui coule, Un regard lazuli, Ton cœur s'arrête

Lamek se tourna vers lui, le foudroyant du regard, c'est alors que le Faël compris, il avait vu juste du début à la fin, un marchombre épris d'une marchombre, était-ce autorisé dans cette guilde, peut être pas...

Naorha était restée assise à côté de Lamek, l'air silencieuse, ses grands yeux bruns hantés par on ne savait quels fantômes. Le marchombre semblait gêné par sa présence, elle sentait son cœur battre à côté de son bras. Il parla d'une voix qu'il tentait de faire assurée, mais elle y sentait l'accent de certains sentiments qu'il voulait cacher. En tout cas, c'était des mots sortis du cœur. Ainsi, le Faël était son ami... Tiam, avait dit le marchombre...
Elle vit qu'il voulu se déshabiller pour dormir mais face à son regard, il arrêta son geste pour préparer ses affaires. Le lendemain serait sans doute une rude journée. Il se coucha en s'envellopant dans des couvertures disposées sur la paille, se servant de son sac comme oreiller. Elle, elle observait Ulia qui se désaltérait tranquillement.
-Tu nous as entendu discuter, je suppose ?
-Non, dit-elle avec sincérité. Je suis arrivée après...
Ces mots, elle les avait prononcé d'un ton légèrement définitif, comme si elle n'avait plus rien à dire ensuite. Elle n'était pas bien bavarde ces temps-ci...
Le Faël ne tarda pas à revenir de sa démarche de chasseur. Il sella l'animal avant de se tourner vers eux, s'asseyant en tailleur dans le foin.
-Alors c'est elle la femme belle dont tu as parlé à moi ? Tu avais pas tort...
Naorha eu un sourire en contemplant l'embarras du jeune marchombre. Celui lui rappelait les taquineries qu'elle avait eu jadis avec Eirik... Non, elle ne devait plus y penser...
-Et toi ? Où toi aller ?
La jeune femme resta silencieuse, pensive, puis sortit de l'écurie. Le vent soufflait dans la nuit étoilée...
«Quand tu penseras que la voie ne t'indique plus la marche à suivre, alors, laisse le vent t'emporter. Écoute son murmure : c'est celui de ta liberté...»
Elle ferma les yeux, laissant ses pensées vagabonder dans le vent puis elle battit des paupières.
-Au Nord, dit-elle au Faël et au Marchombre. C'est au Nord que je dois aller... Je dois rejoindre le Poll... Vous joindrez-vous à moi ?
La dernière question était sortie toute seule. Elle n'y avait pas réellement pensé, en vérité... Mais quand on y songeait, elle broyait du noir seule sur les longues routes de la liberté. La Voie ne demandait pas forcément qu'elle soit solitaire...

Le Faël se tourna vers son ami, un air interrogateur, il voulait connaître la réponse.

- Alors nous quoi faire Soufle ? Suivre ?

Le jeune homme perçait Lamek de ses yeux, cherchant la réponse qu'il connaissait déja, son ami était trop solitaire et trop têtu pour accepter. Il allait refuser à coups sûr...
Tiam se tourna enfin vers la marchaombre et la regarda d'un air désespéré, essayant de lui faire comprendre que c'était Lamek qui choisissait, cet homme musclé était comme son maître, il le suivait où qu'il aille.
Le Faël attendit, il savait que la présence de la jeune femme l'embarrassait, mais que sa réflexion serait longue, il pesait toujours le pour et le contre, calculant chaque possibilité, le Faël le connaissait mieux que personne.
Il retira l'arc de son dos et commença à le lustrer, tendre la corde, vérifier ses flèches, il en avait pour un moment, à pouvait donc penser son ami...
Retrouver son père, ça il le savait, parcourir la Voie, ce chemin invisible dont Tiam ne comprenait pas le sens.

- Face de Thül, toi devoir te dépêcher de choisir, moi vouloir dormir

Il avait dit ça, le sourire aux lèvres, comprenant l'embarras de son frère d'arme, vouloir suivre son coeur et vouloir trouver son paternel sont deux choses différentes, il était donc compréhensible que le marchombre hésite.

Lamek s'empêcha avec peine de sourire, il hésitait entre la suivre et partir de son côté, tout cela ne dépendait que de lui, il le sevait Tiam ne choisirait jamais, il aimait se faire porter.
Le marchombre se tira le lobe de l'oreille, réfléchissant, si il la suivait ils pourraient mieux se connaitre, mais toute bonne chose à une fin...
Le jeune avait déja souffert une fois, il ne voulait pas tenter la deuxième, il ne savait pas quoi choisir, torturé par son instinct et son coeur qui disaient des choses contradictoires.
"Si tu ne sais pas où aller, alors ne fais qu'une chose, écoute le plus important, c'est cela parcourir la voie, écouter son coeur et laisser l'instinct de côter pour un moment, même petit..."

Ces paroles... maître Kamil...
Le marchombre se redressa, regardant le jeune Faël, ce bonhomme lui répétait que le destin et la voie pouvaient être liés, au début il se moquait, mais là il le prenait au sérieux.
Il ne voulait pas partir au hasard, c'était trop imprudent, des brigants mystérieux parcouraient ces routes en ce moment, il l'avait entendu à l'auberge de Al-Jeit, mais Lamek ne pensait pas qu'il s'agisse de simples brigands.
Tu en as tué un, pourquoi pas un deuxième...
Mais cela ne le rassurait pas, il pensait à un coup de chance.
Enfin, le Soufle se décida, il se leva, prît un deuxième sac dans la selle du Faël et lui lança.

- Prend ça et dors Faêl de malheur, je me demande parfois pourquoi je t'écoute, enfin bref, demain nous partons avec elle

Il vît le visage surprit de son ami, ce qui ne l'étonnait, il ne sa reconnaissait pas non plus, avoir prit cette decision ne lui ressemblait pas.
Enfin il se coucha et se tourna vers la marchombre, la regardant dans les yeux, tentant de déceler une parcelle de ses sentiments une nouvelle fois.

- Quand partons-nous noble Flèche de l'Ombreuse ?

Il avait parlé d'un humoristique, cherchant à détendre l'atmosphère, il allait la suivre, rejoindre le Poll, il la suivrait où qu'elle aille, c'étai sa voie, il le sentait.

Ils s'étaient décidés à la suivre sur sa voie. Elle hocha la tête, puis prit la bride d'Ulia. Elle ne mettait pas de mors pour ne pas la blesser, préférant un lien de cuir. De toute manière, sa jument lui obéissait si bien qu'elle n'avait as besoin d'énormément de pression ou autre pour qu'elle lui obéisse. Elle l'allongea dans le foin et lui enleva les lanières, avant de s'étendre à côté du Souffle qui lui demanda l'horaire de leur départ.
-Demain matin, à l'aube. Je vous réveillerais dès que nous devrons nous mettre en route... Mais comme on dit, il n'y a pas le feu au lac, mon trajet n'est pas pressé...
Elle regarda le plafond de l'écurie silencieuse dans la fraicheur de la nuit, ses mains sous sa tête. Elle défit ses cheveux attachés en une tresse sauvage, ébouriffée, avant d'enlever son haut de tissus pour ne garder qu'un justaucorps de lin. Elle attrapa ensuite une couverture pour s'envelopper dedans. Fermant les yeux, le visage d'Eirik apparu, mais il lui semblait flou, imprécis... Comme si son souvenir si vivant disparaissait dans les brumes de sa mémoire... Le Thül ne serait bientôt plus qu'une évocation mélancolique... Elle préféra chasser ceci de sa mémoire pour dormir. Le monde des rêves l'appelait... Le seul monde de liberté que les marchombres n'étaient pas seuls à arpenter...
Dans son sommeil paisible, la première fois depuis bien longtemps, elle posa la main sur l'épaule de Lamek, sentant les discrètes pulsations de son pouls. Son esprit inconscient ne savait pas si Tiam l'observait en souriant, ou si Le Souffle était embarrassé par ce contact. Elle n'en avait cure. Elle se reposait, c'était l'essentiel...

La jeune femme dormait, son bras sur son épaule.
C'était la première foid qu'il se sentait aussi bien, les longs cheveux de la marchombre s'éparpillaient sur la paille fraiche.
Il se tourna doucement, regardant le Faël qui commençait à dormir, il était donc bien le seul à ne pas avoir sommeil, étais-ce la présence la marchombre qui le perturbait, il n'arrivait pas savoir... La nuit était fraîche, silencieuse, seuls les oiseaux et les animaux nocturnes se faisaient entendre. Le marchombre se leva doucement, enlevant le bras de la flèche de l'ombreuse à son grand regret, une fois debout il retira son haut, elle s'était mise à l'aise, pourquoi pas lui, maintenant ça ne le gênait plus, ils allaient se connnaitre.

Le torse du Soufle était couvert de quelques cicatrices, son histoire était son corps, il se tourna, regardant la jeune femme dormir, elle semblait dormir paisiblement, savourant chaque minute de son sommeil, comme si ce confort lui avait été arraché pendant un temps.

- Demain à l'aube. Chuchota t-il, espérant l'impossible

Le marchombre tendit l'oreille, l'auberge était silencieuse, le monde dormait, l'homme se recoucha, il eut un frisson au contact de la paille humide.
Lamek se tira le lobe de l'oreille, ils partiraient demain à l'aube, il fallait qu'il dorme, il regarda les chevaux et tomba sur Ulia, la monture de Naorha, elle semblait surveiller sa maitresse, la gardant d'un regard bienveillant.
Le jeune homme regarda la jeune femme une dernière fois, puis il sombra dans un univers de rêves, de sensations où deux visages ne cessaient de revenir, son père Kamel et la flèche de l'ombreuse.