Garde manquée [Libre]

Sihia chevauchait. Le vent sur son visage la fouettait, mais elle s'en fichait. Elle voulait revenir à Al-Jeit, revoir ses tours pures, ses murailles réconfortantes... La plaine était calme, silencieuse et seul les sabots de son cheval troublait le silence. Les oiseaux aussi était silencieux, pas un bruissement ne provenait d'animaux. Ce silence lui faisait peur. C'était tout sauf naturel. Elle ralentit l'allure et sortit son sabre. Plus un bruit ne filtrait de ce silence pesant. Même sa respiration semblait faire un tonnerre de tous les diables ! Sihia descendit de sa monture, sabre au poing, tous ses sens aux aguets. Le hennissement de sa monture la fit sursauter et elle se retourna. Tilian semblait être terrorisé par quelque chose, ou quelqu'un...

La jeune femme se dirigea vers les bosquets lorsqu'une flèche siffla vers elle. D'un fluide mouvement du poignet, elle la trancha et se baissa pour récupérer les deux bouts. La flèche n'était ni Faël ni impériale... La jeune femme n'avait jamais voyagé dans l'autre monde, vu son don de Dessin pathétique, mais elle savait qu'ils n'avaient pas de flèches. Elle déglutit et se remit en garde. Quelque chose bougeait dans ses sous-bois, mouvement infime mais absolument visible, comme pour viser. Une deuxième vibration emplit l'air, mais ne se dirigeait pas vers elle... Sihia, prise au dépourvu, se retourna trop tard et vit le projectile s'enfoncer dans les flans de son cheval. Celui-ci s'affaissa lentement dans un hennissement de douleur.

- Tia !!!

Sihia courut vers lui et s'accroupit pour regarder sa blessure.Son visage pâli en voyant que la flèche était mortelle. Des pas s'approchèrent d'elle et elle lança son sabre en direction de l'autre. Un cling retentissant la fit sursauter et elle se retourna vers l'autre. Un chuchotement parvint à ses oreilles et elle se retrouva soudainement sans la vue. Elle savait juste qu'elle avait comme adversaire une femme. Celle-ci sortit un poignard, vu le son crissant, et se rapprocha de Sihia.

[Vu que mon personnage est assez loin d'Al-Jeit et qu'il risque de se trimbaler avec pas mal de monde, je te propose plutôt un Pnj (Et puis ça t'occuperas )]

Chant de la lune
Chant de cristal
Chuintement d'une lame
Craquement d'une larme...

Certains mots sont la poésie même d'une liberté vieille de mille ans, une liberté oubliée, une liberté douce et pure... Et qui garde le gout amère de la perte. Et puis, les ténèbres font place à la lumière quand la liberté est retrouvée. Le vent accompagne le doux chant de la nature alors que les paysages oubliés refont surface devant les yeux ébahis de l'amnésique enfant qui veut à nouveau gouter aux plus beaux morceaux de son interminable vie.
J'ai tant vu, j'ai tant vécu...
Oh, lune, mère sage et bienveillante, souffle, souffle les mots qui me disent qui je suis... Guide-moi sur ma voie, la Voie...
Et l'enfant immortelle reprenait le chemin alors que sa mère lune lui murmurait les doux chants des Faëls et des Hommes, les chants de la nature, de l'océan, de la Dame et du Dragon, les chants qui la guidaient vers un destin qu'elle ne connaissait pas.
J'ai tant vu, j'ai tant vécu... Et j'apprends encore...


Le silence... Elle le connaissait plus que bien, le silence... Elle l'aimait, elle faisait corps avec lui... Mais ce silence là n'était pas celui, bienveillant, de la nature, non, c'était celui des ténèbres... Un silence oppressant, qui tentait de l'étrangler et qui la surveillait, tapi derrière les taillis. Elle marchait près de la route, ses longs cheveux dans le vent, observant la route en silence. La mort était là... Elle le voyait agir... Elle était à ses côtés, alors que la cavalière arrivait au triple galop, l'air peu rassuré. Au bout d'un moment, les sabots cessèrent de marteler le sol alors que la guerrière sautait au sol. Et la mort apparu, prenant la forme d'une jeune fille aux traits abjects, ses lèvres dévorés par elle ne savait quelle maladie. Le silence fut rompu par deux flèches, la dernière atteignant la monture de la guerrière qui se retrouva aveuglée. L'assassin sortit de sa cachette avec un ricanement rauque, tirant de sa ceinture une fine dague. La mort s'approchait... Mais elle quitta la jeune fille pour prendre une autre apparence. Le katana fut dégainée avec une stupéfiante vitesse, bien que rien comparée au vol qu'il entreprit pour arracher un dernier soupir à l'assassin. La fille tomba au sol, la gorge ouverte, dissipant les maléfices qui avaient aveuglés la guerrière. Celle-ci battit des paupières avant de lever les yeux vers son sauveur. Une grande femme à la taille fine, vêtu d'une longue robe immaculée et d'une cape de la même couleur se tenait face à elle. Ses traits étaient d'une pureté et d'une finesse que rien n'égalait à part sa peau de satin et de neige. Ses cheveux étaient noirs comme l'ébène, brillant comme des étoiles, alors que ses yeux bleus, emplis d'une nuance cristalline incomparable, observait la Frontalière. Tout en elle exprimait une sagesse et une intelligence venue d'un autre monde, d'une autre époque. Même la dangerosité de ses mouvements gracieux avait quelque chose d'inhumain, de divin.
-La Voie m'a fait croisé ta route... Bénis-en les étoiles, Sihia Til'Illan.
Elle vit le geste que fit la jeune femme pour attraper sa lame, mais ne dit rien, posant sa main sur le flanc blessé du cheval, fermant les yeux un instant pour se recueillir sur le cadavre du pauvre animal, avant de se tourner vers la jeune femme.
-Je te connais, Sihia, bien que tu n'en ai pas le souvenir. Je t'ai connu il y a 23 ans... Il est étrange de te revoir après tant d'années... J'aurais pu oublier ton visage, mais je n'oublie jamais un regard...
Elle lui fit un sourire doux, si pur qu'il aurait fendu le cœur au plus dur des guerriers. Elle posa sa main sur la joue de Sihia avant de retirer la flèche du flanc du cadavre de la monture de la frontalière.
-Je suis Alina Val'Alinor. Je vis au Nord de la Forêt Faël depuis un peu plus de dix ans maintenant... Je devine que des questions se bousculent en ton esprit... Pose-les, je tenterais de te répondre...