VILLAGE DE KOKOROA, SURPRISE ET RETROUVAILLES

L'air frais, le chant des oiseaux, le bruit du vent...
Lamek méditait, il avait beau haïr cette manière pour se vider l'esprit, il se forçait à méditer.
Il écoutait la nature, le bruit du vent, ce que la Voie lui soufflait.
Naorha... Naorha... Naorha...

Le marchombre rouvrit les yeux, surpris, il avait peine à y croire, mais il le sentait aussi en lui, il arrivait, elle allait plus proche qu'il ne le pensait.
Un hennissement confirma son intuition, ce cri, il le connaissait, c'était celui de la jument, la marchombre était là.
Le Souffle se leva et couru en direction des bruits, ils provenaient d'un sentier un peu plus, et là Lamek crût rêver.
Naorha était debout, observant Lamek maniant un sabre à courte lame, il effectuait de petits mouvements maladroits mais assez fluides, des mouvements marchombres.
L'estomac de Lamek se noua, elle avait prit Tiam comme apprenti...
Cette surprise qu'il n'appréciait guère ne durant qu'un instant, déja son regard était rivé sur la jeune femme.
Séduisante, des cheveux ondulés, une démarche de félin.

- Vous voilà enfin...

Ces mots surprirent la jeune femme qui dégaina son poignard et s'élança sue le marchombre, comme lorsqu'ils avaient été devant l'auberge.
Lamek para le coup sans difficulté sous les yeux ébahis de sa congénère, il avait dégainé son sabre, le temps d'un souffle, il n'était plus le même depuis quelque temps, il avait décidé de se prendre en main.
Il plongea son regard dans celui de la jeune femme tandis que leurs lèvres se rapprochaient peu à peu.

-Bien Tiam. Mais plus souples les mouvements. Plus fluides, plus rapides !
Le Faël avançait bien, pas vite, mais bien. Il arrivait qu'il se décourage parfois, alors Naorha l'arrêtait un instant pour lui enseigner un peu une technique qu'elle avait apprise, il y a longtemps, non pas avec son maître, mais avec une femme qu'elle avait rencontré tout au nord de la Forêt Faël... Elle s'en souvenait encore comme si c'était hier....
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-Puisque je vous dis que je suis prête, maître ! Disait Naorha à Parn alors qu'ils chevauchaient.
-Prête ? Plaisantes-tu, mon élève ? Tu n'en es qu'à la fin de tes trois premiers mois d'initiation et tu as le culot de dire que tu te crois désormais marchombre ? Attends de savoir tenir une arme correctement et l'on en reparlera...
Naorha serrait les dents. L'envie de rabattre le caquet à son maître était grande et elle le maudissait d'ainsi la sous-estimée. De son côté, Parn était inquiet. Il ne reconnaissait pas sa jeune élève en cette gamine agressive et vaniteuse. Elle avait besoin de réfléchir loin de lui, loin de son entrainement... Il fit virer son cheval d'un seul coup, faisant écarquiller les yeux de la jeune fille.
-Où allons-nous ?
-Chez une personne de ma connaissance...
La personne en question était une grande femme d'apparence jeune à la beauté si pure qu'elle en paraissait innocente, mais elle se déplaçait avec la souplesse meurtrière d'un félin, alors qu'ils arrivaient en vue de sa maison de bois. Parn parla un peu avec elle puis partie, laissant la femme avec la jeune Naorha. Bientôt, les deux personnages féminins étaient assis face à face à une table avec pour toute nourriture un bol de soupe chacune et du pain fait avec un céréale que l'apprentie marchombre ne connaissait pas.
-Mon nom est Alina Val'Alinor, se présenta la femme. Ton maître m'a chargé de t'enseigner durant son absence.
-Vraiment ? Savez-vous que je suis marchombre ? Je pourrais vous trancher la gorge en un instant.
La femme s'était contenté de sourire et le lendemain, Naorha avait enfin pris conscience qu'elle n'était pas du tout prête. Alina l'avait mise à terre en un geste avant de lui enseigner à sentir à ce qu'elle appelait l'Esprit de la Nature., qui représentait en vérité le souffle de la vie, l'énergie, qui animait chaque chose en ce monde. C'était un bon moyen de méditer et de comprendre ses faiblesses, ses forces...
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... Et elle l'avait appris à Tiam. Elle chassa ses souvenirs de ses pensées pour se concentrer à nouveau sur son jeune élève qui tentait de faire les mouvements fluides des marchombres que lui avait enseigné son maître. Oui, il se débrouillait bien... Elle sentit alors un mouvement derrière elle qui la fit porter la main à sa ceinture, là où pendait une de ses dagues.
-Vous voilà enfin...
Elle se retourna en un geste, sortant sa dague dans un mouvement bondissant, ne faisant qu'un avec le vent pour assener un coup rapide de lame... Qui fut bloqué, à sa grande surprise par Lamek. Son cœur se mit à battre à la chamade alors que le visage du marchombre se rapprochait du sien... Avant qu'elle ne lui attrape rapidement la main pour lui tordre le poignet, lui faisant lâcher son arme. Le mouvement avait été si rapide qu'il en avait été invisible. Seul le sabre sur le sol et la main de Naorha tordant le poignet du marchombre attestait de ce qu'il s'était passé. Un sourire étira les belles lèvres de la jeune femme devant l'air surpris de son compagnon.
-Ne jamais baisser sa garde... Dit-elle en détachant bien les mots, raffermissant un peu plus sa prise pour attraper l'autre poignet du marchombre d'un mouvement reptilien tant il était fluide et souple. Je croyais que tes précédents exploits t'avaient appris cela.
Néanmoins, il avait progressé, elle l'avait vu. Pourquoi ? La dépasser ? Il voulait la protéger ? Elle était assez forte pour se débrouiller seule, elle n'avait pas besoin qu'un homme lui dicte sa conduite juste pour qu'elle ne se fasse pas mal, elle l'avait d'ailleurs déjà dis à Tiam. Elle était libre et c'était elle qui menait la danse. Le baiser tant attendu par Lamek, et, secrètement, par Naorha ne vint pas. Pas devant Tiam. Quand ils seraient enfin seuls, tout les deux... Elle le repoussa et lui fit un sourire tentateur avant d'approcher Ulia.
-Ton ami avait fort envie de te revoir. Avec cela, je devais venir te prévenir qu'il était désormais mon apprenti... J'ai bien peur de ne plus pouvoir me séparer de ce jeune Faël, désormais...
Elle eu un petit rire avant de tapoter affectueusement l'épaule de Tiam.
-Nous risquons de passer la nuit ici. Connaitrais-tu un endroit où nous pourrions dormir ?
Pas qu'elle se sentait fatiguée, elle était capable de veiller pour passer du temps seul à seul avec Lamek, mais elle comptait mettre rapidement au lit son jeune apprenti.

Le marchombre regarda le Faël, l'observa du regard, lui apprenti marchombre, ce regard, Tiam le connaissait c'était celui d'un ami qui lui promettait bien des épreuves, toutes aussi difficiles et longues que les longues.
Un sourire apparût sur le visage de Lamek, les paroles de son maître lui revenaient en mémoire suite à la remarque de Naorha.

C'était lorsque qu'il avait été dans une petite auberge, le jeune homme avait dût affronter quelques hommes, il avait combattu avec délicatesse, oeuvrant dans sa danse mortelle.
Mais malgré ses technique de combats bien acquises, il avait fini par être mit à terre.
Son maître n'avait pas bougé, pas d'un pouce, il avait laissé son apprenti seul face à ses hommes musclés, obèses, minces, petits ou grands.
Puis quand Lamek eût fini son combat, donc après plusieurs allés et retours au sol, Kamil, son mentor s'était approché et lui avait dit une phrase qui l'avait marqué, mots qui étaient devenus comme une règle pour lui.
- Tant que la sueur n'envahi pas ton visage, ton corps ou tes bras, ne dévoile pas tes vrais armes car cela se retournaerait contre toi.

Le marchombre regarda la jeune femme qui se tenait devant lui, devant Tiam, avant elle, il n'avait jamais si bien progressé sur la voie, il se contentait de suivre le souffle du vent, libre comme l'air, il ne s'entraînait que peu. Mais depuis qu'il était avec Naorha, il mettait de l'hardeur dans ses gestes, il souhaitait progresser pour obtenit une chose.
Une chose pour laquelle il travaillait d'arrache pied, il voulait que la jeune femme soit fière de lui, mais cela semblait être pour lui come essayer d'attraper l'horizon.

- Village de Tiam est un peu plus bas, et comme le soir commence à tomber, je vous conseille de vous dépêcher, et Naorha, ramassage ton apprenti, il est léssivé.

Le marchombre n'attendit pas de réponse, commençant à redescendre, ce soir ce serait lui qui serait de garde, ainsi en avait décidé le destin, la Voie lui soufflait ce qu'il devait faire, il suivait le parcours qui lui était tracé, cherchant les réponses qu'il ne trouvait pas.

Le ciel était noir, un drap parsemé d'étoiles...
Le seul bruit qui persistait étaient les brindilles qui crauquelaient sous la chaleur, au milieu du feu, un moment de paix, dédié à la réfléxion.
Lamek était assit, sur un tronc renversé sur le côté, encore un humide, il réfléchissait, revoyant sa vie à partie de ce point. Il avait cherché son père pendant quelques mois, mais n'avait rien trouvé, il n'avait que remué le passé, ouvrant une ancienne cicatrice.
Puis il avait cherché la paix, qu'il avait en parti trouvé, il lui manquait des réponses, solutions que la Voie lui criait de trouver.
Pourquoi cette subite facultée ? Etait-ce la greffe ?
Car apparemment les Faëls n'avaient rien causés, il avait quitté Naorha pour rien, il avait prit un risque pour rien.

De petits crépitements se firent à nouveau entendre, mais ce n'était pas les brindilles, il s'agissait de gravillons qui craquelaient sous les pieds, et le marchombre ne prit même pas la peine de se retourner pour connaitre l'identité du visiteur, il connaissait cette démarche.

- Tu ne dors pas ? Tu devrais pourtant... Mais bon, je n'ai pas à dicté ta conduite, te voila maitre...

L'ombre qui se tenait derrière lui ne répondit pas, mais le marchombre sentait un regard chaleureux posé sur lui. Les crépitements se firent à nouveau entendre et Naorha s'approcha encore de Lamek, pour enfin s'asseoir à côté de lui.
Il se redressa instinctivement, il ne s'habituait toujours pas à la jeune femme, il était gêné, pourtant il ne se sentait pas timide... Mais cette gêne faisait sourire la jeune femme, elle aimait bien le taquiner de temps en temps.
Le marchombre se pencha pour ramasser un bout de bois pour raviver le feu, sa main effleura les doigts de la jeune femme, ce qui lui donna un frisson.
Il ignora le frisson, cherchant à penser à autre chose, il n'aimait pas montrer ses faiblesses, même si elles semblaient parfois évidente.

- Alors l'entraînement de Tiam ? Il se débrouille bien ?

Tiam, premier Faël apprenti marchombre à sa connaissance, et par une des célèbres marchombres en plus.
Naorha, la Flèche de l'Ombreuses, on parlait beaucoup d'elle au conseil, pas comme lui, il se demandait même si il existait dans ce monde, si il y avait une petite place.
Il se souvenait de sa présentation au Conseil, tous s'étaient ris de lui, maîtres comme apprentis, ce qui l'avait rendu malade.
Certe maintenant il avait été surnomé Le Souffle, mais ce surnom, il le devait à son maître, pas à lui, il avait eu ce surnom parce qu'il avait été l'apprenti du Dernier Souffle, par pour ses conséquences, et Naorha lui rappelait ces souvenirs à peine enfouis.
Lamek observa le feu qui se tenait face à lui, des mots lui venaient à la bouche, la poèsie marchombre lui permettait de s'exprimer, mais elle ne pouvait pas faire revenir en arrière, quoique, étant où il était, il préférait rester dans le présent, avec elle...

- Pulsation douleureuse, Coeur qui saigne, Voile de doute, Douleur

Les mots s'envolèrent dans la nuit à la recherche de réponses, Naorha observa le marchombre, l'air perplexe, une main se posa sur son épaule, elle n'avait aucune idée de ce qu'il avait vêcu et de ce qu'il vivait...

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Couché, allongé sur le dos, il n'arrivait pas à dormir.
Pourtant la journée avait été éprouvante, un long voyage suivi d'un entraînement, mais la fatigue ne venait pas, l'excitation de connaitre la suite le perturbait, car maintenant il savait, il vivait un des entraînements que Lamek avait lui même vêcu, et il comprît ce que son ami avait voulu lui dire par ce regard qu'il lui avait lancé.

Le Faël passa ses bras derrière sa tête en office d'oreiller, puis observa le haut de son tipi, le tissu sentait les pins, les feuilles, la forêt, un doux arôme de nature allait et venait dans cet habitacle. Ses pensées dérivèrent à nouveau sur son apprentissage.
Trois ans... Durant ce lapse de temps il devra suivra son maître au doigt et à l'oeil, ne pas discuter ses ordres ou instructions, mais bon, jusque là tout allait bien, Naorha lui donnait des exercices assez simplistes, elle ne lui demandait pas l'impossible, pour le moment...
Le jeune apprenti se leva, et sortit à l'air libre, il avait entendu son mentor sortir, où pouvait-elle être ? Deux ombres près du feu répondirent à sa question, elle était là, ils étaient là, Lamek et Naorha, eux qui s'étaient détestés au premier regard avaient en fait succombés l'un à l'autre.
Et la jeune marchombre avait fait des jalouses, certaines Faëls s'étaient éprises du Souffle, mais il s'était décidé, il avait choisi un amour instable, certe instable mais plein de liberté et de passion. Jusqu' à présent Tiam n'avait jamais vu Lamek amoureux comme à présent, il se contentait de fuir quand tout chauffait, mais jamais il n'avait suivi une femme.

L'apprenti avança d'un pas dans leur direction mais changea de direction, mieux valait les laisser seuls, demain lui et Naorha partiraient, Lamek pouvait ne pas les suivre.
Mieux valait laisser les deux tourtereaux en paix, sur cette pensée, le Faël s'enfonça dans la pénombre pour s'exercer dans un art qui lui avait été apprit, la méditation.

La Flèche de l'Ombreuse ne disait rien, elle restait silencieuse, comme si ce qu'elle allait dire risquait de trahir ses sentiments.
Lamek ignora ce silence, il se leva, partit dans l'obscurité où il resta cinq bonnes minutes puis revînt, deux sacs à la main.
Il allait veiller près du feu, mais il ne savait ce qu'avait décidé la marchombre, il avait donc prit son sac. Le Souffle commença à lever son haut, puis son geste s'arrêta au milieu de sa tâche, une sensation l'envahissait, la même que dans l'écurie, ce soir là il ne l'avait pas enlevé, elle oui.

Le jeune homme secoua la tête, il fallait avancer, aussi il enleva complètement, se mettant torse nu face à la jeune femme. La lueur du feu faisait briller la sueur présente sur son torse, la fraicheur de la nuit l'apaisait. Il s'allongea, disposant son sac en oreiller puis s'appuya contre le tronc, il était perplexe avec tous ces événements qui se suivaient, puis il sentit des pulsations.
Lamek tourna la tête, son regard se perdait dans la jeune femme, d'ici il pouvait sentir les battements de coeur de Naorha, il pouvait presque sentir les flux de sang dans ses veines, c'était comme si il faisai parti d'elle.
Le marchombre reprit soudainement ses esprits, pourquoi disait-il cela...
Soudain il se rappela dans l'auberge, elle, allongée, la tête sur sa pointrine, ses cheveux éparpillés, jamais il ne s'était senti aussi bien, et il espérait que cela se renouvelle, un rêve, comme ces baisers qu'ils avaient échangés.
Le marchombre se releva et s'assit à côté de la marchombre, là il s'approcha petit à,petit, elle ne bougeait pas, puis il passa le bras autour de sa taille, doucement craigant des représailles de la part de la jeune femme, mais elle broncha pas, au contraire, elle se colla à lui et posa tête sur l'épaule du marchombre.
Ils restèrent ainsi, pendant plusieurs minutes, seuls, l'un contre l'autre.

Naorha n'arrivait pas à dormir. Elle ne trouvait pas le sommeil. Elle avait beau tenté de le prendre en chasse, d'essayer de l'attraper, c'était toujours en vain. Alors se tournait, elle se retournait sous ses draps, observant parfois le sommeil de son apprenti... Enfin, si il dormait. Qui sait, peut-être était-il comme elle, une insomniaque en puissance... En fait, de sa vie, elle n'avait bien dormi qu'avec Eirik ou... Lamek. Cette pensée fit couler une larme solitaire, une larme de cristal sur sa joue, bien qu'elle ne savait pas vraiment pourquoi. Les émotions l'envahissaient dans le silence de la nuit. Des émotions aussi violentes que douces alors que le voile des souvenirs tentait de l'envelopper, de l'étouffer. Au bout d'un moment, n'arrivant plus à respirer comme elle le voulait, elle se leva pour quitter l'abri Faël. Dehors, l'air frais et pur envahissait ses poumons, aussi réparateur que salutaire, bien qu'il n'arrivait pas écarter ses doutes, ses peines... Elle n'était vêtu que d'une tunique à manche courtes et d'un léger pantalon dans le vent au parfum d'herbe et de terre, ses cheveux dénoués flottant librement sur ses épaules. Elle resta un moment à écouter les bruits de la nature, avant de voir du feu un plus loin. Lamek.
Elle rejoignit le marchombre de sa démarche fluide et légère, l'air sombre, s'asseyant à coté de lui. Il lui dit des choses, elle n'écouta pas, elle se mura dans le silence, dans une sorte de tristesse profonde alors qu'elle entourait ses jambes de ses bras, fermant les yeux. Quand elle les rouvrit, elle vit que Lamek avait rapporté des sacs et qu'il avait enlevé sa tunique. Elle l'avait déjà vu torse nu, mais la lueur des flammes jouant avec les reflets de sa peau avait quelque chose de... Elle détourna le regard, mais déjà sa respiration et les battements de son cœur s'étaient accélérés. Lamek s'assit alors à côté d'elle pour passer un bras autour de sa taille, l'attirant vers lui. Elle posa sa tête sur son épaule, savourant ces instants qui ne faisaient qu'accentuer l'incroyable trouble qui l'envahissait. Elle sentait son parfum fait de chevauchés, de liberté, de cuir, de sang... La même odeur qu'Eirik... Elle passa alors les bras derrière la nuque de Lamek pour lui donner un baiser passionné, un baiser long qui la faisait trembler. L'image du fantôme qu'elle chassait depuis des années, de l'homme qu'elle aimait se superposa avec celle de Lamek, avec celle du marchombre pour qui son cœur battait. En cet instant, elle sentit sa conscience la déserter alors qu'elle ne voulait plus cesser son étreinte enflammée et que milles questions se bousculaient en son esprit : Qui aimait-elle, en vérité ? Lamek ? Eirik ? Ou bien avait-elle commis la folie de tomber amoureuse de deux hommes ? Elle sentit les larmes couler sur ses joues alors qu'elle attrapait les épaules de Lamek pour se serrer un peu plus contre lui, comme si elle voulait se fondre dans le marchombre afin d'oublier sa douleur. En cet instant, elle eu envie de boire. Boire jusqu'à l'ivresse pour tout oublier, pour se dire qu'il ne restait que Lamek...

Le baiser se rompit, au grand regret du marchombre, combien de temps avait-il attendu ce genre de moment, il aurait voulu le revivre, encore et encore.
Cependant, même si le baiser avait été rompu, Naorha était toujours contre lui, la tête posé dans le creux de son cou. Les pensées du marchombre s'étaient arrêtées, son regard n'était désormais que porté sur la marchombre, avec elle, il oubliait tout, comme si elle effaçait tous ses ennuis. Le Souffle continua d'admirer la Flèche de l'Ombreuse, elle avait les yeux ouverts, le regard vague, les battements de son coeur étaient rapides, il sentait sa respiration bousculée.
Elle caressait son bras gauche du bout du doigt, il la serrait toujours contre lui, de peur de la perdre, de perdre cette femme pour qui il serait prêt à donner sa vie.
- Et dire que tout ce temps on jouait au chat et au chien

Il fît sortir un petit rire, suivi de Naorha, elle l'écoutait maintenant, il déposa un doux baiser dans sur sa tête, sentant son doux parfum, l'odeur de la prairie, de la forêt, il y avait tant d'arômes qu'il n'arrivait pas à tous les reconnaître.
Lamek se redressa un peu, puis colla ses lèvres contre l'oreille de Naorha, là il ne chuchota qu'un mot, un mot qu'il ne réservait que pour une personne.
- Je t'aime

Naorha sentait que Lamek la croyait tout à elle, il croyait qu'elle s'abandonnait en lui à tout jamais. Mais ce n'était pas le cas. Et cela lui causait une souffrance si déchirante qu'un instant, elle cru qu'elle allait en mourir. Qu'elle mourir dans les bras de celui qui la considérait comme l'amour de sa vie... Un amour nommé Traitrise. Un amour nommé Mensonge...
Elle ferma les yeux, s'accrochant à lui en cachant son visage au creux de son cou. De ses doigts, d'un air absent, elle caressait son bras alors qu'il la serrait avec une expression épanouie, une expression profondément heureuse, une expression... Qui lui déchirait le cœur.
-Et dire que tout ce temps on jouait au chat et au chien, souffla t-il.
Il se mit ensuite à rire et Naorha se força à l'imiter, bien que ce rire n'avait rien d'amusé ou d'heureux. C'était un rire étranglé qui se coinçait dans sa gorge nouée. Elle sentit alors Lamek coller ses lèvres contre son oreille, la tenant toujours comme si il redoutait de la perdre. Puis ses lèvres bougèrent pour former deux mots. Deux mots qui la finirent.
-Je t'aime.
-NON !!
Elle repoussa Lamek comme si il s'avérait qu'il était en réalité un T'sliche avant de tomber à genoux par terre, les larmes coulant comme deux torents sur ses joues. Elle devait lui dire... Elle devait lui expliquer...
-Lamek... Il y a... Il y en a... Un autre...
Elle sentit le geste de recul de Lamek, un geste qui lui firent encore plus mal que sa déclaration d'amour. Elle avait l'impression de ne plus être elle, de ne plus être Naorha Yel'Aëlva, de ne plus être marchombre, de ne plus être la Flèche de l'Ombreuse. Elle se sentait vide, vide face à Lamek... Vide et misérable.
-Il y a un autre homme... Je l'aime encore, même si nos chemins se sont séparés... Je pensais l'oublier, j'ai lutté pour ça, Lamek, mais... Je t'ai fais du tord, j'en ai conscience... Tout comme je lui ai fais du tord...

Trahi, des mensonges, encore et encore.
Lamek baissa la tête, il dissimula ses sentiments, il ne voulait pas que Naorha ne le voie dans cet état là. Il regarda le feu se consumer, il lui trouva une ressemblance avec sa situation, il se faisait consumer par ses sentiments, les mensonges des autres.
Le marchombre se leva, adressant un regard qui disait : "tu l'aimes, alors va le chercher".
Il plia ses affaires puis passa son sac par dessus son épaule, il ne dit rien, les mots ne suffisaient, et la poèsie non plus d'ailleur.
Il avança dans la pénombre, s'éloignant peu à peu du feu, puis il s'arrêta, se tourant vers la jeune femme, il la contempla une dernière fois, car peu être ne la reverrait-il pas.
- Si il te vient l'envi de me rejoindre, tu peux, mais je ne veux pas de mensonges

Il se retourna, contemplant la lizière de la forêt, le courage lui manquait, mais son âme, son instinct lui criaient de partir. Et c'est ce qu'il allait faire.
- Si cette envie te prend, que tu as vraiment envie de me retrouver alors tu me trouveras, mais dans le cas contraire je ne serais plus qu'un fantôme.

Sur ces mots, il s'enfonça dans l'obscurité, plusieurs minutes passèrent, quand un rugissement se mit à retentir, Lamek était parti, il fuyait en direction des Plateaux de l'Est.
Une lumière brillait sur le sol, reflétant la clarté des flammes, un des poignars du Souffle, l'arme avait un manche de bois, comportant diverses mosaïques taillées main, la lame était affûtée, aussi tranchante que le fil d'un rasoir. La lame était posée sur le sol poussièreux, à l'attention de Naorha, Lamek l'avait laissé pour que Tiam sache, mais la question était quoi...

Un rugissement, résonnant, puissant, puis des bruits de pas...
Tiam ne se posa aucune question, il courru en direction du feu de camp, il courrait dans la pénombre, ne voyant rien, puis il lui sembla apercevoir un majestueux tigre s'enfuyant dans les ténèbres, mais ce ne fut que le temps d'un regard. L'animal avait déja disparu...

Le Faël arriva près du tronc, ne trouvant pas Lamek, mais son maître noyé dans les sanglots, il ne chercha pas à connaitre la cause du mal, il ne devait pas se mêler de sa vie sans qu'elle ne l'y invite, elle lui avait dit à Al-Jeit.
Pourtant, l'apprenti marchombre devinait de quoi il s'agissait, il s'assit sur le tronc, observant la jeune femme, puis il rompit le silence.
- Il est parti ?

Ces mots n'eurent aucune réponse, et la Faël ne chercha pas à en avoir, il se contenta d'observer son maître, tremblant, ne trouvant aucun mot, aucun geste.
Tiam regarda le ciel étoilé, il y voyait les constellations, gémeaux, scorpion, et lion, ce qui se rapprochait le plus du tigre, il émit un soupir, sentant qu'il ne reverrait pas son ami avant longtemp, et peut être jamais, la Voie en déciderait, cella de Naorha.

Cela faisait maintenant plusieurs jours que le Souffle était parti, sans laisser de trace, laissant son maître noyé dans ses sanglots. Tiam ne voulait pas se mêler de ce qui ne le regardait pas, mais sentait que son ami était parti pour une raison précise, et Naorha était sûrement une de ces raisons. La marchombre avait cessé de l'entraîner, aussi il s'exerçait pas lui même, cherchant à effectuer ses gestes avec perfection, il travaillait durant des heures, tout en regardant la marchombre de temps à autres.
Elle ne cessait d'aller et venir dans le village, puis elle s'arrêtait, méditait et repartait dans son manège. Il n'y a pas si longtemp cela aurait fait le Faël aux larmes, mais il n'était d'humeur à rire.

Et pour ne rien arranger, des Faëls avaient déclarés avoir vu des brigands dans les parages, il n'aimait pas les brigands, depuis que les routes étaient sécurisées ils se reportaient sur les tribus, ou les voyageurs égarés. Naorha, elle, avait ignoré cette alerte, celon ils ne représentaient pas une menace réel.
Le Faël s'assit sur le tronc où les deux marchombres se tenaient, près du feu, l'apprenti repensait à ce qu'il avait vu avant d'aller méditer, rien qui ne lui suggère que Lamek se soit enfui.
Puis Naorha fut de plus en plus perplexe, répétant : Il n'a pas osé ? Non, c'est impossible
Il ne savait plus quoi penser, aussi il se contenta d'attendre le retour de son ami.

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Des jours... Des jours que Naorha était comme enfermée dans un cocon d'immense chagrin. Un chagrin aussi grand que le jour où elle avait perdu ses parents. Elle était seule désormais. Totalement seule. Elle n'avait plus rien... Elle errait avec le souvenir de Lamek, d'Eirik, de Parn, Ulia et Enovil... Elle errait avec le souvenirs des deux hommes qu'elle aimait, le souvenir de son maître et celui de ses parents... Ses parents... Ulia et Parn... La première était une dessinatrice qui lui avait donné son don et sa beauté, le second était un chevalier qui lui avait donné son gout pour la liberté et les combats. Parn Erlah, son maître, avait fait d'elle une marchombre. Eirik lui avait fait découvrir la féminité qui dormait en elle et Lamek... Elle essuya ses yeux en soupirant. Il fallait qu'elle se ressaisisse. Elle s'était posté dans un coin tranquille et avait basculé dans l'Imagination. Au milieu de milles chemins, elle avait sentit la présence de mille êtres avant de rejoindre celui qu'elle voulait. Eirik... A sa grande surprise, un autre était avec lui. Lamek. Eirik et Lamek étaient ensemble. Les deux hommes qu'elle aimait s'étaient rencontrés...
Lamek est avec toi, n'est-ce pas ?
Elle eu un soupir bien réel alors que s'engageait une courte conversation avec son ancien ami. Comme il devait avoir changé... Bientôt, les mots si familiers du Thül résonnèrent dans son esprit. Sa voix, jadis si amicale, si optimiste, se faisait sombre et amère dans son esprit. Cela lui fit mal au cœur, mais elle ne laissa rien paraitre dans les méandres de l'imagination... Rien... Rien du tout...
Quand leur échange se termina, elle ressentit un certain vide... Un vide qu'elle décida de combler quelques instants plus tard.
Eirik ? Écoute... Tu diras à Lamek que je regrette pour tout le mal que je lui ai fais... J'espère que tu me pardonneras aussi, car je t'ai autant fais du tord... Dis lui également que je l'aime. Je t'aime aussi Eirik... Actuellement, je ne sais plus où j'en suis, ne m'en veux pas... J'espère pouvoir vous revoir tout les deux très vite... Je vous embrasse...
L'Imagination permettait bien des choses... C'était un environnement sans limite... Un lieu qui n'appartenait qu'à ceux qui savaient le parcourir. Naorha était de ceux-là. Elle pouvait ainsi déposer un baiser sur les lèvres du Thül. Un baiser imaginaire, et pourtant bien réel. Sentir à nouveau ses lèvres contre les siennes était un bonheur, un bonheur atténué par le fait qu'elle n'arrivait pas à atteindre l'esprit de Lamek. Elle aurait tant voulu lui parler, lui dire des mots... Des mots qui ne voulaient dire quelque chose qu'aux cœurs épris... Elle se retira à regret de l'imagination, ignorant les suppliques des courants et les appels d'Eirik. Elle se laissa revenir doucement à la réalité, puis leva le visage vers le ciel. Le vent frais se faisait plus fort qu'à l'habitude, avec un étrange senteur salée...
-Tiam ! Nous partons ! Annonça t-elle en s'approchant du Faël. La Voie et le vent nous appellent à d'autres paysages, mon apprenti !
Elle semblait avoir reprit les couleurs de la vie, les couleurs d'un certain optimisme bien que son regard semblait éteint. Elle sella son cheval, se dirigeant vers le sud-est, suivi de son apprenti. L'océan l'appelait. Il l'appelait pour qu'elle goute à une liberté venue de loin. Tiam devait reprendre son entrainement. Il devait apprendre...

Le Pays Faël, cela faisait désormais un bon moment qu'ils s'y étaient introduits, Lamek fit ralentir sa monture, il l'avait "empruntée" dans un petit village au passage, les arbres, le paysage, les deux hommes approchaient.
Lamek se tourna vers Eirik, il avait commencé a lui apprendre l'art du sabre, mais ses mouvements étaient saccadés et prévisible, ce qui n'avait pas étonné le jeune maître, les armes des Thüls étaient destinées à créer des dégâts superciels.

Bientôt les tipis apparurent, la place était déserte, l'heure de la chasse.
Lamek posa pied à terre et guida sa monture, observant autour de lui, aucun otoctone n'était présent, il n'aimait pas ça.
Les deux hommes cherchèrent pendant des heures, aucune trace de Naorha et de Tiam, le Souffle se renseigna puis fini par apprendre qu'ils étaient partis en direction d'autres paysage.
Le tomba au sol, en tailleur puis commença à réfléchir, il regarda Eirik qui semblait attendre son opinion.
- Elle est partie, si je me fis à son comportement intérieur elle doit aller...

Le marchombre continua sa réflexion cherchant leur itinéaire, il se tourna vers le Thül puis le regarda en souriant, le colosse semblait connaitre la réponse.
- Je n'en sais rien, elle est imprévisible
- Et tu as raison

Les deux hommes partirent dans un fou rire, en définitive les rivaux devenaient peu à peu amis, Lamek se relava et sauta sur sa monture et commença à partir en direction de la forêt.
- Eirik, je vais avoir besoin de tes talents de traqueur

Et ils repartirent dans une cascade de rire tout en suivant les traces de la femme qu'ils aimaient, Lamek ne voulait utilisé sa facultée, pas devant Eirik.